Mali : le gouvernement « confirme l’existence de fosses communes impliquant des Fama »

Les dépouilles de 25 personnes ont été découvertes lundi près de Mopti, par des riverains, après une opération de l’armée malienne. Le ministère de la Défense reconnaît l’existence de « fosses communes impliquant certains personnels Fama dans des violations graves ».

Des soldats maliens dans la région de Mopti, dans le centre du pays, en 2012. © Francois Rihouay/AP/SIPA

Des soldats maliens dans la région de Mopti, dans le centre du pays, en 2012. © Francois Rihouay/AP/SIPA

Publié le 19 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

« Une mission de vérification dépêchée sur le terrain confirme l’existence de fosses communes impliquant certains personnels Fama dans des violations graves ayant occasionné mort d’hommes à Nantaka et Kobaka dans la région de Mopti », indique le communiqué du ministère de la Défense et des anciens Combattants publié mardi.

Cette déclaration intervient alors que les annonces de l’armée malienne évoquant ces derniers mois la « neutralisation de terroristes » dans cette région ont plusieurs fois été contestées par des organisations de défense des droits de l’homme et par des habitants, qui ont dénoncé des exécutions extrajudiciaires.

Les riverains, alertés par les coups de feu, ont effectué par la suite un ratissage dans les environs

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Kisal, association de défense des droits des populations pastorales, affirmait ainsi dans un communiqué lundi que « lors d’une opération de l’armée malienne [menée la semaine dernière] dans les localités de Kobaka et Nantaka, 25 personnes issues de la communauté peule ont été arrêtées ». « Les riverains, alertés par les coups de feu, ont effectué par la suite un ratissage dans les environs », découvrant « trois fosses communes contenant au total 25 corps », selon Kisal, qui fournit une liste nominative de 18 personnes identifiées et « s’indigne contre cette énième exécution de trop ».

Lutter contre l’impunité

Selon le communiqué du ministère de la Défense, un groupe pluridisciplinaire conduit par le chef d’état-major général des Armées s’est rendu mardi 19 juin sur le terrain pour donner des orientations en vue de diligenter les procédures réglementaires. Le ministre de la Défense, Tiéna Coulibaly, a « instruit au Procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire » et « réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l’impunité, et engage les Fama au strict respect des conventions des droits de l’homme et du Droit international humanitaire dans la conduite des opérations. »

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L’armée malienne est la plus touchée par les attaques jihadistes, en particulier dans la région de Mopti, souligne dans son dernier rapport trimestriel sur le pays le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. La sécurité des civils continue à se dégrader dans cette région, avec notamment une « augmentation des conflits inter-communautaires », ajoute-t-il, évoquant par ailleurs « la multiplication des allégations faisant état d’exécutions sommaires et d’exactions commises par les membres des forces maliennes ».

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