Tunisie : Lotfi Brahem bientôt auditionné par le Parlement
Plus de deux semaines après son limogeage, les raisons qui ont conduit à l’éviction du ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem restent floues. Il doit être auditionné lundi 25 juin par la Commission de la Défense de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
![Lotfi Brahem, ancien ministre de l’Intérieur, limogé le 6 juin 2018. © Mohamed Hammi/ SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2018/06/15/sipa_00822328_000004.jpg)
Lotfi Brahem, ancien ministre de l’Intérieur, limogé le 6 juin 2018. © Mohamed Hammi/ SIPA
Le feuilleton Lotfi Brahem continue. Prochain épisode au programme : l’audition de l’ex-ministre de l’Intérieur, convoqué lundi 25 juin devant la commission parlementaire de la Défense et de la Sécurité. Il sera auditionné en même temps que son successeur – par interim -, Ghazi Jeribi, et que le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani.
Vers une plainte contre Chahed
Les députés espèrent lever le voile sur les raisons du limogeage de Lotfi Brahem, début juin, et la réorganisation qui a suivi au sein de la garde nationale. Les récentes déclarations de l’ex-ministre seront elles aussi évoquées. Lotfi Brahem a en effet affirmé, lors d’une interview à Mosaique FM jeudi 14 juin, avoir refusé de signer des ordres d’assignation à résidence à l’encontre de personnes accusées de corruption. Il a justifié ce refus par le fait que, selon lui, ces assignations auraient été imposées hors procédure judiciaire.
Suite à ces accusations, un collectif de 50 avocats s’est constitué avec pour objectif déclaré de porter plainte pour « enlèvement » et « détention arbitraire » contre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et « toutes les parties dont les enquêtes judiciaires prouveront l’implication dans l’affaire des personnes assignées à résidence surveillée sans aucun dossier ». Le collectif a prévu d’organiser une conférence dans les jours qui viennent.
« Cette affaire a pris des proportions démesurées », a réagi lundi le député d’Ennahda Abdellatif Mekki, qui préside la commission parlementaire. L’audition prévue lundi permettra « à tous de s’expliquer », espère-t-il, assurant que « la surveillance de l’activité gouvernementale » est une prérogative du Parlement, qui n’a pour l’instant « pas parfaitement rempli son rôle dans cette affaire ».
Faire taire rumeurs et théories
Le président de la commission parlementaire espère également que l’audition permettra de faire taire les rumeurs et théories en tous genres qui fleurissent suite à la décision du chef du gouvernement de se séparer de son ministre de l’Intérieur, officiellement renvoyé suite au naufrage d’une embarcation de migrants à Kerkennah.
Une motivation officielle que mettent en doute plusieurs acteurs politiques. Mongi Rahoui, député du Mouvement des patriotes démocrates (MDP), estime par exemple que ce limogeage est en fait le fruit d’une transaction entre Ennahdha et Youssef Chahed, qui, très fragilisé, cherche à garder le soutien des islamistes pour se maintenir à la tête du gouvernement.
D’autres avancent que ce sont des tensions personnelles entre Youssef CHahd et Lotfi Brahem qui sont à l’origine de son limogeage. Autre thèse, avancée dans un article du Mondafrique : Lotfi Brahem aurait été accusé d’avoir préparé un coup d’État avec l’aide des Émiratis. L’ex-ministre a affirmé avoir porté plainte contre le site.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Bénin-Niger : dans les coulisses de la médiation de la dernière chance
- Au Togo, le business des « démarcheurs », ces arnaqueurs qui monnaient la justice
- Qui entoure Mele Kyari, président de la NNPC, l’État dans l’État au Nigeria ?
- Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, sur les terres de Simone à Bonoua
- Alafé Wakili : « Aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État »