Le réveil de l’Algérie enfin !

Publié le 30 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

A Alger, le mois d’août a été chaud sous les foulards. Réunies autour d’un thé à la menthe sur les terrasses branchées de Sidi Yahia, le quartier à la mode, les coquettes de la capitale – qu’elles cachent leur corps sous le grand voile ou exhibent leur nombril au-dessus d’un jeans taille basse – ne parlent que de ça : Victoria’s Secret, la marque la plus glamour de dessous féminins, celle que vantent au cours de défilés torrides les mannequins Gisele Bündchen et Heidi Klum, doit prochainement débarquer dans les cartons d’une franchise française, Body One. Après New York et Londres, mais avant Paris, Alger la Blanche va faire l’expérience hot de l’audace et de la volupté made in USA. De quoi doper un peu plus encore le marché de la lingerie coquine, déjà en plein boom de ce côté-ci de la Méditerranée.
Bonne nouvelle, l’Algérie n’est plus ce qu’elle était. Après dix ans de guerre contre les islamistes (150 000 morts), après quatre décennies de dirigisme étatique impotent et de développement économique à la sauce marxiste, le pays semble enfin vouloir tourner le dos à ses vieux démons.
À peu près pacifié, libéré de ses dogmes idéologiques (mais pas de la corruption endémique), pris en main par un président Bouteflika plus pragmatique que jamais, il en pince désormais pour le libéralisme et l’ouverture au monde. Et les réformes suivent. Vague de privatisations visant plus de 1 200 entreprises publiques, nouveau code des investissements, modernisation du système bancaire, remise à plat foncière, révolution fiscale en gestation… tout est bon pour attirer les investisseurs étrangers.

Et ça marche ! Depuis quelques mois, les vols pour Alger affichent complet et les logos des grandes multinationales se multiplient dans la capitale. Coca-Cola a ainsi érigé de grandes enseignes lumineuses sur l’une des places du centre, on se croirait presque à Piccadilly Circus. Et le sigle Nokia est omniprésent dans les quartiers chic. Indice que les choses changent vraiment, la dernière édition de la Foire internationale d’Alger, qui s’est tenue du 1er au 8 juin, a attiré plus de 1 000 sociétés étrangères représentant quarante pays. Pas de doute, le pays des dattes est en train de devenir un eldorado économique.

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II faut dire qu’il a quelques arguments trébuchants à faire valoir. Avec un brut à plus de 70 dollars le baril (deux fois plus cher qu’en 2004), l’Algérie a engrangé en 2005 près de 45 milliards de dollars de recettes pétrolières, et elle devrait en percevoir plus de 50 milliards cette année. Grâce à quoi elle affiche un taux de croissance digne d’un pays émergent, 5,3 % en 2005 et 6 % en 2006. Et elle s’apprête à rembourser par anticipation l’intégralité de sa dette publique d’ici à décembre prochain. Pas mal pour un État qui frôlait encore la banqueroute au milieu des années 1990 ! Pour Abdelaziz Bouteflika, cette arrivée massive d’argent frais constitue « une occasion historique » de remettre le pays sur les rails du développement. Et il n’a aucune intention de la laisser passer.

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