Eugène Njo Léa

L’ancien international camerounais s’est éteint, le 23 octobre, à l’âge de 75 ans.

Publié le 30 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Eugène Njo Léa s’est éteint à l’âge de 75 ans. « Il souffrait, selon le Dr Philémon Tamo, le médecin de l’Association des footballeurs camerounais (AFC), d’une fracture du col du fémur. Il avait été opéré puis avait regagné le domicile familial où il est décédé dans la nuit du 23 octobre. »
Boursier de l’État camerounais, Eugène Njo Léa quitte Douala en 1951. Il s’inscrit à la faculté de droit de Lyon et rejoint un club régional, Roanne, avant d’être repéré par ?l’A.S. Saint-Étienne qui l’engage en juin 1954. Sa troisième saison chez les Verts est celle de la consécration. Entouré par l’Algérien Rachid Mekhloufi et le Néerlandais Kees Rijvers, Njo Léa engrange 29 buts. Saint-Étienne est champion de France.
« Eugène et moi, se souvient Mekhloufi, étions logés dans la même pension. Il m’emmenait à l’entraînement sur son scooter. Sur le terrain, c’était un véritable kamikaze. Il allait au sacrifice, ne fuyait pas les duels. Il remisait bien et marquait des buts inattendus, parfois du bout de la godasse. Un battant qui ne manquait ni de technique ni d’intelligence dans le jeu. L’homme était un intellectuel qui se prenait au sérieux et croyait qu’il était plus malin que les autres. » Après les Verts, l’Olympique de Lyon et ses études supérieures en droit public. Sa route croise celle d’un avocat avant-gardiste, Jacques Bertrand, et d’une vedette altruiste, Just Fontaine. Le Suisse Norbert Eschmann se joint au trio et les quatre hommes fondent, le 16 novembre 1961, à Paris, l’UNFP, le syndicat des joueurs professionnels.
Njo Léa en est le premier secrétaire général, une charge qui le décide à quitter Lyon pour Paris où il rejoint le Racing Club, alors en division II. Son parcours de footballeur prend fin en 1962. Commence sa carrière diplomatique, notamment en Europe et à l’OUA. Il ne tourne pas pour autant le dos au ballon. Il se projette sur le « football de demain » et proclame que : « l’important dans le jeu [], ce n’est pas le but » ! En 1973, il met sur pied un « projet du siècle » : le professionnalisme en Afrique – un club professionnel par pays et l’organisation d’un championnat continental – fondé sur l’initiative privée. Le projet est soutenu par feu le président Georges Pompidou mais rejeté par la CAF et par le Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA).
Treize ans après, le Camerounais revient à la charge. Cette fois-ci, associé à Me Jacques Bertrand, il annonce à Paris le lancement d’un « professionnalisme clés en main » à destination du Cameroun. Il oublie d’y associer la Fécafoot (Fédération camerounaise) qui torpille une initiative au montage financier opaque. « Le projet de Njo Léa, affirme à l’époque Joseph-Antoine Bell, n’est pas sérieux. » Février 1987, Njo Léa organise à Yaoundé et à Douala un tournoi baptisé Cifoot (Cameroun international football) et y invite quatre clubs français et quatre locaux. C’est le fiasco. L’ex-diplomate et homme d’affaires malchanceux plonge dans l’anonymat. Jusqu’à sa disparition.

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