Urbanisme : ce que la Banque mondiale préconise pour Bamako, Conakry et Niamey

Les capitales du Mali, de la Guinée et du Niger ne sont pas à la hauteur des besoins de leur pays, estime la Banque mondiale, qui préconise de remédier à la situation par la création d’un marché foncier et d’un réseau de transports publics efficace.

Dans le quartier de Hafia, à Conakry, en 2012. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Dans le quartier de Hafia, à Conakry, en 2012. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 22 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Bamako réalise 34 % de la richesse du Mali, Conakry et Niamey 27 % de celles de la Guinée pour l’une et du Niger pour l’autre. Pourtant, ces villes ne sont pas les moteurs de croissance que l’on pourrait attendre. Selon « Les défis de l’urbanisation en Afrique de l’Ouest », un rapport publié par la Banque mondiale le 20 juin, la productivité du travail ne s’y est pas améliorée depuis quinze ans et demeure faible par rapport à la moyenne de quinze villes d’Afrique subsaharienne calculée en tant que valeur ajoutée brute par habitant. Leurs prestations de services urbains sont médiocres en termes d’accès à l’eau, à  l’électricité et à l’assainissement.

Or, d’ici 2030, Bamako va accueillir 400 000 nouveaux habitants, Niamey 190 000 et Conakry 150 000. Si rien n’est corrigé, non seulement ces capitales n’offriront pas les services publics indispensables, mais elles ne créeront pas non plus les emplois nécessaires pour faire face à la forte poussée démographique. Par exemple, pour contenir leur taux de chômage à 3 %, Bamako devrait créer 1,5 million d’emplois, Niamey et Conakry 750 000 chacune.

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Des déplacements majoritairement pédestres

Pour expliquer ces déficiences, les experts de la Banque mondial incriminent leur « paysage urbain fragmenté ». Si Niamey est restée plutôt concentrée, Bamako et Conakry se sont étendues rapidement et de façon anarchique. L’étalement dans l’espace qui en résulte ne permet pas à leurs habitants de profiter de la densité urbaine et de la connectivité, facteurs de productivité.

Cette évolution a pour causes un manque de maîtrise du foncier qui pousse à une dilution spatiale préjudiciable, ainsi qu’un système de transports incapables de répondre aux conséquences de cette dilution. Car on marche beaucoup dans les trois capitales : « Plus de la moitié des déplacements se font à pied et donc sur une étendue assez limitée, réduisant l’accès aux opportunités et aux services offerts par la ville », note le rapport qui préconise la construction de trottoirs dignes de ce nom pour sécuriser les piétons.

Renforcement des administrations

La faible densité urbaine des trois villes et la cherté des transports augmentent le coût de la vie : les prix y sont supérieurs de 13 % à ceux de la moyenne des pays de comparaison.

Pour permettre à Bamako, Conakry et Niamey de se densifier et de pouvoir jouer leur rôle de locomotives économiques et sociales, la Banque mondiale conseille la création d’un marché foncier et d’un réseau de transports publics efficace, ce qui suppose un renforcement des compétences des administrations afin qu’elles élaborent de véritables planifications urbaines.

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Elle conclut : « Les trois villes peuvent devenir des municipalités productives, viables et habitables », si elles investissent « dans la création des institutions et des infrastructures qui jetteront les fondations d’un développement urbain durable ».

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