[Tribune] Fintech et PME, une connexion naturelle

D’après Issam Chleuh, fondateur de la plateforme de services Suguba, alors que les PME africaines sont faiblement financées par les banques, la fintech peut aider à briser ce cercle vicieux et lutter efficacement contre le chômage. Il faut cependant adapter la régulation à l’échelle de l’Uemoa, et permettre à des institutions non bancaires d’offrir des services financiers.

Un point de vente de banque mobile de l’opérateur MTN en Ouganda le 29 septembre 2016 © Stephen Wandera/AP/SIPA

Un point de vente de banque mobile de l’opérateur MTN en Ouganda le 29 septembre 2016 © Stephen Wandera/AP/SIPA

ISSAM (1)
  • Issam Chleuh

    Directeur exécutif de Suguba, qui soutient le développement des start-up en Afrique francophone

Publié le 2 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

En 2030, il y aura 375 millions de jeunes à la recherche d’un emploi en Afrique. La zone francophone est la sous-région dont la croissance démographique est la plus rapide du monde, avec un âge médian respectivement de 16 et 18 ans au Mali et au Sénégal.

L’écart entre le nombre de jeunes qui cherchent un travail et les possibilités limitées qui s’offrent à eux signifie qu’ils auront du mal à sortir de la pauvreté. Renforcer la productivité et la croissance des PME, principales pourvoyeuses d’emplois, est une nécessité.

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Cercle vicieux

Hélas, les petites entreprises font face à un grand nombre de défis, dont l’accès au financement. Sans capital, elles ne peuvent pas grandir et lutter contre le chômage. En raison de la petite taille des marchés, des faibles niveaux de revenus, de l’instabilité politique, les banques se concentrent sur les dépôts avec pour conséquence des coûts d’emprunt élevés.

>>> A LIRE – Stratégie : le temps des PME

Résultat, le crédit bancaire ne représente que 10 % du financement total des microentreprises et des PME en Afrique francophone, la majeure provenant de sources informelles. C’est un cercle vicieux que la fintech peut aider à briser.

Le marché mondial des technologies financières devrait croître de 25 % par an, passant de 3 300 milliards de dollars à 5 082 milliards de dollars en 2019. L’Afrique a montré à maintes reprises qu’elle peut contourner les obstacles au développement nés du manque d’infrastructures.

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Grâce à l’adoption des technologies de l’information et de la communication, couplée à celle de la téléphonie mobile, le continent est devenu un pionnier de la banque mobile dans le monde. Désormais, ce sont d’autres lacunes qu’il faut combler : le manque d’antécédents de crédit, le manque de garanties et la faible éducation financière.

À la BCEAO de jouer

La démocratisation de l’affacturage (conversion de la facture en financements anticipés) est l’une des innovations permises par cette révolution. Réalisée auparavant par des établissements de crédit, l’opération était longue, coûteuse et en général réservée aux gros fournisseurs.

Les entreprises fintech offrent des technologies qui rendent ces paiements anticipés possibles pour les PME d’un simple clic

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Désormais, les entreprises fintech offrent des technologies qui rendent ces paiements anticipés possibles pour les PME d’un simple clic. Et ce n’est qu’un exemple, auquel on pourrait ajouter les plateformes de prêts participatifs ou l’utilisation de la technologie blockchain.

Reste à faire évoluer le cadre réglementaire, pour permettre à des institutions non bancaires d’offrir des services financiers. Les risques liés à ces nouveaux produits peuvent en effet être analysés en fonction de leur nature et non en fonction de la nature des prestataires qui les offrent.

En Afrique de l’Ouest, la balle est dans le camp de la BCEAO qui, compte tenu de sa mission concernant l’inclusion financière, ne peut rester insensible au potentiel de la fintech.

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