Lucarnes sous contrôle

Le pouvoir politique conserve une forte mainmise sur le petit écran en opérant une étroite surveillance sur les programmes.

Publié le 30 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Plus que tout autre média, la télévision africaine demeure un instrument au service des équipes dirigeantes, même si elle remplit également des missions de service public en matière d’éducation des populations. En fait, les chefs d’État sont très sensibles à l’impact du « pouvoir de l’image » sur leurs concitoyens et gardent la mainmise sur cet outil précieux, particulièrement en période électorale. Ils exercent donc à travers des proches placés à la tête de ces médias un contrôle quotidien sur les programmes et leur diffusion. D’ailleurs, les chaînes publiques sont encore largement placées sous l’autorité de ministères de l’Information ou de la Communication. Leurs recettes publicitaires – hormis en Afrique du Sud – sont dérisoires en comparaison de celles des télévisions occidentales. Par ailleurs, le système de redevance n’est appliqué que dans de rares pays comme le Cameroun ou le Kenya.
La mauvaise gestion est encore de mise dans de nombreux organes d’État, ce qui fait que les maigres ressources disponibles sont affectées en partie à la rémunération des employés et aux dépenses de fonctionnement. Les moyens de production sont donc dérisoires. Les journaux télévisés reprennent largement les images des agences internationales et des télévisions du Nord. La plupart des programmes sont réalisés en plateau, comme les jeux et les débats de société. Pourtant, le petit écran fascine le public du continent. Si les taux d’équipement restent très faibles, la télévision se consomme largement en groupe. La téléréalité, les feuilletons sentimentaux, le football drainent massivement les téléspectateurs.
Depuis quelques années, on assiste également à l’essor des chaînes privées. Toutefois, celles-ci restent l’apanage de proches du pouvoir, l’État accordant généralement les autorisations d’émission. Les promoteurs de ces nouvelles télés, bien que manquant de moyens, sont particulièrement dynamiques et s’appuient sur des équipes jeunes et motivées, qui échappent aux lourdeurs de fonctionnement des médias étatiques. Musique, sports, émissions de société constituent leurs principaux programmes. Dernière tendance, les radios et les télévisions évangéliques. En Afrique centrale, particulièrement dans les deux Congos et au Nigeria, ces nouveaux médias ont investi le paysage audiovisuel. Avec toutes les dérives que cela entraîne, notamment l’annonce de miracles et l’appel à contribution financière des téléspectateurs et des auditeurs.

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