Les rebelles gardent l’arme au pied

Publié le 30 août 2004 Lecture : 3 minutes.

Mieux vaut de timides progrès qu’une aggravation de la catastrophe humanitaire, devraient se dire les membres du Conseil de sécurité des Nations unies le 2 septembre en prenant connaissance du rapport du secrétaire général Kofi Annan sur le Darfour. Depuis l’adoption de la résolution du 2 août, la situation s’améliore dans cette région de l’Ouest soudanais, où les organisations humanitaires accèdent désormais plus facilement. Beaucoup reste cependant à faire en matière de sécurité, ce qui devrait faire l’objet d’une nouvelle évaluation de l’ONU au début de septembre.

La partie devrait continuer à se jouer sur deux fronts. Sur le terrain, où les pluies gênent considérablement l’arrivée des secours. Et à Abuja (Nigeria), où, depuis le 23 août, les négociations de paix entre le gouvernement soudanais et les deux mouvements rebelles (le Mouvement pour la justice et l’égalité et le Mouvement/Armée pour la libération du Soudan) piétinent.
Pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire à plus d’un million de personnes en toute sécurité et pour créer les conditions propices au retour de centaines de milliers de villageois qui avaient fui les combats, la neutralisation de tous les groupes armés s’impose.
Le gouvernement de Khartoum a demandé aux groupes sur lesquels il a de l’influence et qui le soutenaient dans sa lutte contre la rébellion de cesser le feu. Il affirme avoir arrêté et jugé quelque deux cents miliciens Djandjawids, véritables « bêtes noires » des rebelles, que le président soudanais Omar el-Béchir qualifie au passage de « voleurs » et de « bandits ». Ce dernier a également accepté, comme le lui demandaient les Nations unies, d’établir une « feuille de route » pour étendre le contrôle des forces gouvernementales à l’ensemble du Darfour, en commençant par douze zones prioritaires.

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Reste la question, cruciale, du « cantonnement » des groupes rebelles. À Abuja, leurs dirigeants n’ont pas voulu en entendre parler, arguant que leur désarmement ne pourrait intervenir qu’après la signature d’un accord de paix définitif. Or Khartoum souhaite que ce désarmement soit mené parallèlement à celui des milices qui lui sont proches, de manière à éviter toute provocation.
Le cantonnement des rebelles fait partie d’un plan mis au point par l’Union africaine (UA), qui pilote les négociations d’Abuja. Olusegun Obasanjo, son président en exercice, est formel : « les rebelles du Darfour doivent être désarmés » sous le contrôle des deux mille soldats des forces de maintien de la paix que l’UA devrait envoyer dans la région.
Mais on restait jusque-là dans l’impasse, le gouvernement soudanais refusant toute présence étrangère à l’exception de celle des trois cents militaires africains qui protègent les observateurs de l’UA (lesquels veillent sur l’application du cessez-le-feu signé en avril 2004 au Tchad).

Sous la pression de l’UA, Khartoum a fini par accepter un compromis. Les rebelles céderont-ils à leur tour ? De nombreux observateurs en doutent, car, forts du soutien de l’administration américaine, ils avaient, par leur intransigeance, fait avorter les premiers pourparlers de paix d’Addis-Abeba, en juillet. Leur attitude à Abuja ne laisse rien présager de bon.
Tous les regards se tournent désormais vers Washington, où la question du Darfour n’est pas absente du débat, en pleine campagne présidentielle. La ligne choisie par les « faucons » de l’administration Bush devrait apporter des éléments de réponse. S’ils ne nourrissent pas d’arrière-pensées, ils ne manifesteront pour le Darfour qu’un intérêt strictement humanitaire et feront comprendre aux rebelles qu’ils doivent accepter les conditions de l’UA. Si ce n’est pas le cas et si les négociations en cours ne sont qu’un rideau de fumée, on est parti pour des années d’instabilité.

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