Quel partenaire pour Camtel ?

Avec l’obtention surprise d’une licence globale, l’opérateur public camerounais fait son retour dans la téléphonie mobile. Mais sans alliance stratégique, il aura bien du mal à percer.

Camtel compte solliciter Maric Télécom et Monaco Télécom. © Jean-Pierre Kepseu

Camtel compte solliciter Maric Télécom et Monaco Télécom. © Jean-Pierre Kepseu

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Publié le 30 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

MTN et Orange n’ont sans doute rien vu venir. Alors que les filiales camerounaises des groupes télécoms sud-africain et français négocient depuis quelque temps l’obtention d’une licence globale, c’est à Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur historique national, que les autorités ont attribué, le 26 septembre, le précieux sésame. Ceci quelques jours seulement après le démarrage des activités de Nexttel (filiale locale du vietnamien Viettel), le seul opérateur détenant jusqu’ici le droit d’utiliser la 3G – une exclusivité qui arrive à terme fin 2014.

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Lever des fonds

Après avoir vendu en 2000 sa licence 2G à MTN pour 40 milliards de F CFA (plus de 60 millions d’euros), l’entreprise publique camerounaise signe donc son retour dans la téléphonie mobile. Une nouvelle inattendue qui suscite beaucoup d’interrogations.

D’abord, pourquoi attribuer une licence mobile à Camtel alors qu’elle possède une filiale spécialisée (encore non opérationnelle, certes), Cameroon Mobile Telecommunications (CMT), créée en 2006 ? « La licence a été attribuée à Camtel et non à CMT pour donner au gouvernement le temps de désigner les dirigeants et, surtout, de lever rapidement des fonds, car Camtel est connu des banques. Cela permettra de bâtir rapidement un réseau qui sera ensuite transféré à CMT », explique David Nkoto Emane, le directeur général de Camtel, qui ne dispose que de trois mois pour mettre cette filiale sur orbite.

Politique commerciale

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Camtel et concurrents chiffres daffaires en 2013Dans l’immédiat, pour donner corps à son aventure dans le mobile et obtenir une chance d’exister face aux ténors que sont MTN et Orange (respectivement 57 % et 37 % de parts du marché local), Camtel doit trouver un partenaire stratégique.

« C’est ce dernier qui devra développer une politique commerciale et marketing agressive pour gagner des parts de marché. Nous sommes disposés à lui céder près de la moitié du capital et à lui confier les rênes pour qu’il dispose de la marge de manoeuvre nécessaire à la gestion du personnel, et qu’il évite de longues procédures administratives de passation de marchés », soutient le directeur général, qui se garde d’indiquer la mise minimale que devra proposer le partenaire. Il compte relancer Monaco Télécom et Maroc Télécom, qui s’étaient un temps manifestés, et démarcher d’autres poids lourds du secteur.

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Monopole

Ensuite, le retour de Camtel dans le mobile suscite des questions sur l’avenir institutionnel de cette entreprise publique. En seize années d’existence, elle a connu deux tentatives avortées de privatisation et l’État cherche toujours à la céder. Cette situation a eu pour effets le gel des investissements et la dégradation de son réseau filaire.

Si l’opérateur camerounais a réussi à réaliser un chiffre d’affaires de 78 milliards de F CFA en 2013 et à dégager un bénéfice de 5 milliards de F CFA, c’est notamment grâce aux revenus provenant de l’utilisation de son réseau par les autres opérateurs. La société publique jouit d’un monopole absolu sur la fibre optique (6 000 km), préalable au déploiement de la 3G mais aussi d’internet. Des infrastructures installées grâce au concours financier de China Eximbank.

Et pour maintenir son leadership sur la toile, Camtel – qui entend porter son réseau de 400 à 2 000 pylônes – veut faire passer le nombre de câbles sous-marins arrivant au Cameroun de deux (le West Africa Cable System, ou Wacs, et le South Africa Transit-3, ou Sat-3) à quatre (avec l’arrivée de l’Africa Coast to Europe, Ace, et d’une ligne Kribi-Lagos) et atteindre 20 000 km de fibre optique. Le tout pour un investissement de 200 milliards de F CFA avant la fin de la décennie.

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