La diplomatie à maux couverts

Publié le 30 août 2004 Lecture : 2 minutes.

« Le monde globalisé n’est pas seulement en mouvement. Il est en désordre. » Devant le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier ouvrant le 26 août, par ces mots, la conférence annuelle des ambassadeurs au Quai d’Orsay, les diplomates français étaient, eux, rangés en bon ordre, attentifs aux consignes de rentrée qui leur sont habituellement prodiguées à cette occasion.
Bien qu’elles s’inscrivent dans le tableau particulièrement sombre de la situation dressé par le ministre – l’environnement se dégrade, les pandémies, la pauvreté et la famine frappent les nations les plus démunies, les conflits se multiplient, les armes de destruction massive prolifèrent, le terrorisme menace… -, les directives pour 2005 n’ont pas paru de nature à décoiffer les participants aux nombreuses tables rondes organisées sur le thème des « stratégies d’influence » de la France. Les réponses proposées par Paris aux graves défis qui menacent la planète portent en effet la marque de la posture de modestie, voire d’humilité, choisie par le ministre : « respecter la règle de droit » et « rechercher l’accord des autres » pour « ajouter à la culture traditionnelle de souveraineté une culture de partenariat ».
Exit, avec Dominique de Villepin, le flamboiement et les effets de tribune. La France de Michel Barnier, réalisme oblige, n’aspire plus qu’à un rôle de bon élève dans la classe européenne. Les consulats eux-mêmes, dans le cadre de la « mutualisation » annoncée, ne devraient pas tarder à troquer les couleurs du drapeau national contre les étoiles brillant au firmament de l’UE « qui est le cadre naturel et le démultiplicateur de notre influence ». Ordre est donné aux soldats de la diplomatie française de se mettre à couvert, dès que possible, dans « des organisations régionales qui, au-delà de leurs objectifs économiques, jouent un rôle politique croissant ». La méthode vaut aussi bien pour la défense de nos entreprises que pour la lutte contre « la violence sans visage » qui doit, elle aussi, être fondée sur « la coopération entre les polices et les justices, le renforcement des conférences internationales ».
Serait-ce que la France doit désormais faire en toutes circonstances profil bas pour surnager dans les tempêtes, ou bien que Michel Barnier, conscient non seulement des enjeux mondiaux mais aussi des impératifs de la politique intérieure, laisse à d’autres – au président de la République, par exemple… – le soin d’en relever le trait ?

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