Gabon : l’État annonce des mesures pour réduire son train de vie

Baisse des revenus des fonctionnaires, gels des recrutements publics pendant trois ans, audit de la masse salariale… Dans un contexte économique difficile, le Gabon vient d’annoncer une série de mesures destinées à réduire le coût de fonctionnement de l’État.

Le centre ville de Libreville (Gabon), le 22 août 2013 © David Ignaszewski pour Jeune Afrique

Le centre ville de Libreville (Gabon), le 22 août 2013 © David Ignaszewski pour Jeune Afrique

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Publié le 26 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

« C’est une déclaration de guerre et notre riposte sera à la hauteur de la menace », vitupère Jean Rémy Yama, président du syndicat Dynamique unitaire. Le front social gabonais pourrait s’embraser dans les prochains jours, à la suite des décisions prises par le gouvernement pour réduire le train de vie de l’État.

Le 21 juin, le conseil des ministres a en effet adopté une loi de finances rectificatives augmentant le budget 2018 de 99,5 milliards de francs CFA (+3,7%) par rapport à l’enveloppe initiale, l’amenant à 2773,2 milliards de FCFA (4,2 milliards d’euros). Ce texte réduit les dépenses de 36,5 milliards de FCFA (55,6 millions d’euros), dont celles du personnel qui dévissent de près de 69 milliards (105,2 millions d’euros) tandis que d’autres progressent.

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Cette adoption s’accompagne de quatorze mesures allant de la baisse des revenus des agents publics et des effectifs dans les principales institutions au gel des recrutements pendant trois ans, en passant par un audit de la masse salariale, qui représente mensuellement 60 milliards de FCFA, soit 59% des recettes fiscales, selon Ike Ngouoni Aila Oyouomi, le porte-parole de la présidence.

Des pertes de 50 000 à 300 000 FCFA par an

« Les pertes pour les fonctionnaires et agents vont de 50 000 (76,2 euros) à pratiquement 300 000 FCFA (457,3 euros) par mois, souligne Jean Rémy Yama. Elles résultent de la baisse elle-même, mais aussi des trois hausses du prix du carburant en une année, sans compter l’augmentation des taxes sur l’eau et l’électricité il y a quelques mois. Autant d’éléments qui plombent notre pouvoir d’achat. »

Quatre jours plus tard, ce dernier remet une couche au cours d’une conférence de presse, en annonçant d’autres mesures prises par le président Ali Bongo Ondimba visant à réduire les avantages accordés aux PCA des sociétés étatiques. « L’ensemble de ces mesures devraient nous permettre de faire des économies de l’ordre de 70 milliards de FCFA [106,7 millions d’euros] par an sur la masse salariale afin de la rendre soutenable pour le budget de l’État », conclut-il.

Des mesures soutenues par le FMI

Ces décisions interviennent au moment où une équipe du FMI termine une visite à Libreville. « La mission s’est déclarée préoccupée par la faiblesse des résultats du programme [de relance économique], les dérapages budgétaires substantiels et les progrès décevants des réformes structurelles », s’inquiète l’institution de Bretton Woods dans son communiqué. Qui ajoute : « Les progrès ont également été insuffisants pour contenir les dépenses courantes (salaires et traitements, transferts, subventions et comptes spéciaux) et les recettes non pétrolières ont été faibles. »

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Elle salue cependant des décisions de Libreville, notant au passage les efforts en cours « pour réduire la masse salariale contribueront à alléger les pressions de trésorerie et à placer les finances publiques sur une trajectoire soutenable ». Ainsi, la croissance gabonaise devrait atteindre 2% cette année, contre 0,5% en 2017.

Ces mesures vont dans le sens de la « consolidation budgétaire » préconisée le 8 juin par le Moody’s lorsqu’elle dégradait la note souveraine du Gabon de B3 à Caa1 du fait des retards récurrents de paiement auprès de ses créanciers.

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