Une honte arabe

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Les cheveux prématurément blanchis mais le regard vif, Achraf Joumaa Hajouj (38 ans) est un écorché vif. Le « médecin palestinien » (en réalité, il était étudiant en médecine lors de son arrestation) était le plus virulent lors de la conférence de presse qu’il a tenue avec les infirmières bulgares, le 25 juillet, à Sofia. « J’ai vécu des choses horribles, a-t-il expliqué. Voilà ce que l’on fait des droits de l’homme dans le monde arabe ! Je ne suis qu’un réfugié palestinien, je n’ai pas de gouvernement pour s’occuper de moi. Seuls des chrétiens se sont souciés de mon sort ! »
Détenu pendant plus de huit ans dans les geôles libyennes, ce fils d’un professeur de mathématiques et d’une informaticienne palestiniens venus d’Égypte pour s’installer en Libye en 1971 a, il est vrai, connu des conditions plus dures encore que celles de ses compagnes d’infortune. Alors que les cinq femmes étaient transférées dans un appartement de deux pièces d’où elles ne pouvaient sortir, lui est demeuré enfermé à la prison de Jdeida, à Benghazi, dans l’aile des condamnés à mort, en compagnie des détenus de droit commun.
La première année a été particulièrement atroce : il a été détenu dans une cellule de 2 x 2 m, avec toilettes à l’intérieur, et a été torturé à l’électricité. Pendant dix mois, il a été maintenu au secret absolu et sa famille l’a cru mort. Il n’est réapparu, le visage émacié, que lors du procès, pour crier son innocence et dénoncer, avec courage, les sévices qu’il a subis. À l’extérieur, les siens ont été persécutés. Son père et sa mère ont été privés de leur emploi et ses surs exclues de l’université. N’y tenant plus, tous profiteront d’un pèlerinage à La Mecque pour gagner les Pays-Bas, où, en 2005, ils obtiendront le statut de réfugiés politiques.
Étudiant en pédiatrie, en stage à l’hôpital de Benghazi lors de son arrestation, le 12 février 1999, Achraf Joumaa Hajouj rêve désormais de passer son diplôme de médecin. « J’irai où l’on voudra bien de moi », dit-il simplement. En Bulgarie, dont il a la nationalité depuis le 19 juin, aux Pays-Bas ou ailleurs, il ne sait pas. Une chose est sûre : ce ne sera pas dans le monde arabe. On peut le comprendre : c’est justement parce qu’il est arabe qu’Hajouj a souffert plus que les autres dans les geôles d’un pays arabe. Et c’est précisément parce qu’il est arabe qu’aucun dirigeant arabe – à commencer par le président palestinien Mahmoud Abbas – ne s’est préoccupé de son sort.

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