Zimbabwe : le président accuse les partisans de Grace Mugabe d’être derrière l’attentat

Le chef de l’État zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a accusé le 27 juin dans une interview les partisans de sa rivale et ancienne Première dame Grace Mugabe d’avoir fomenté l’attentat dont il est sorti indemne le week-end dernier, un mois avant les élections générales.

Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa lors d’un meeting à Bulawayo le 23 juin 2018, avant qu’une explosion ne fasse 49 blessés © Zinyange Anthony / AFP

Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa lors d’un meeting à Bulawayo le 23 juin 2018, avant qu’une explosion ne fasse 49 blessés © Zinyange Anthony / AFP

Publié le 27 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Dans un entretien à la BBC diffusé mercredi 27 juin, le président Mnangagwa a pour la première fois mis en cause l’entourage de Grace Mugabe d’être derrière l’attentat perpétré samedi 23 juin à la fin de son discours devant des milliers de ses partisans réunis dans un stade de Bulawayo (sud), fief de l’opposition.

Deux membres de la sécurité présidentielle ont été tués et des dizaines d’autres personnes, dont les deux vice-présidents du pays, blessées dans l’explosion d’un engin non identifié. L’attentat n’a cependant pas encore été revendiqué.

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L’attentat – une première dans l’histoire contemporaine du Zimbabwe – est l’oeuvre de « personnes mécontentes de l’actuel gouvernement démocratique du pays », a-t-il estimé.

« Mon intuition, sans avoir de preuve, est que les personnes qui sont mécontentes du nouveau gouvernement sont le G40 », a-t-il poursuivi, en référence au groupe Génération 40, une faction du parti au pouvoir, la Zanu-PF, favorable à l’épouse de l’ex-président Robert Mugabe.

« C’est la conclusion logique et raisonnable qu’on peut tirer », a estimé Mnangagwa, promettant de « traquer ces criminels ». « Une fois qu’on les aura arrêtés, on pourra déterminer l’étendue de leur réseau », a-t-il dit.

Ambitions présidentielles

« Comment pourrais-je faire confiance [à Grace Mugabe], une personne qui a participé à une cabale pour dire des choses sans fondement ? » a-t-il ainsi questionné sur la BBC.

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« J’ai de la compassion pour elle », a-t-il toutefois affirmé, « parce qu’à mon avis elle était politiquement immature […]  elle a été utilisée par ceux qui voulaient se débarrasser de moi ».

Emmerson Mnangagwa et Grace Mugabe entretiennent des relations tendues depuis qu’ils se sont retrouvés, il y a quelques mois, en compétition dans la course à la succession du président de l’époque, Robert Mugabe. Les ambitions présidentielles de son épouse ont d’ailleurs coûté à Mugabe son poste en novembre.

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Après trente-sept ans au pouvoir, le président nonagénaire a été contraint de démissionner, lâché par l’armée et la Zanu-PF, inquiets de voir la Première dame se positionner pour succéder le moment venu à son mari.

Quelques jours plus tôt, elle avait obtenu qu’il démette de ses fonctions de vice-président Mnangagwa, dauphin de longue date du chef de l’État. Sa décision a précipité l’intervention de l’armée et la chute de Mugabe, remplacé par Mnangagwa.

Aujourd’hui, âgé de 52 ans, Grace Mugabe, vit avec son époux dans leur luxueuse propriété de Blue Roof à Harare, où l’ancien chef d’État mène une retraite paisible.

L’ex-Première Dame, connue pour ses coups de colère et son goût pour le luxe, est ciblée par deux enquêtes. L’une visant des exportations illégales d’ivoire de contrebande qui lui auraient rapporté des millions de dollars, l’autre pour avoir obtenu dans des conditions controversées un doctorat de sociologie.

Meeting annulé

Soucieux de faire revenir les investisseurs étrangers dans un pays asphyxié économiquement, le président Mnangagwa s’est voulu rassurant en affirmant que l’attentat « ne remettait pas en cause la stabilité du pays ». « Nous sommes un pays sûr et pacifique », a-t-il lancé mercredi lors d’une cérémonie à Hwange (ouest).

Pourtant, plus tard dans la journée, la première réunion électorale depuis l’explosion de Bulawayo a été annulé à la dernière minute sans qu’aucune explication officiellement ne soit immédiatement avancée. Des soldats étaient positionnés dans le stade de Hwange, où l’entrée de milliers de partisans de la Zanu-PF se faisait au compte-gouttes sous des portiques de sécurité, a constaté un journaliste de l’AFP.

Maintien du calendrier électoral

Malgré l’attentat, Mnangagwa, donné grand favori de la présidentielle, a exclu de modifier le calendrier électoral. Les premiers scrutins législatifs et présidentiel depuis la fin de l’ère Mugabe se tiendront comme prévu le 30 juillet, a-t-il insisté.

Il a également promis des élections libres et honnêtes. Mais ses détracteurs en doutent, rappelant qu’il a été l’un des exécuteurs de la répression de l’ère Mugabe, pendant laquelle les scrutins ont été entachés de fraudes et de violences.

Le président a profité de son interview sur la BBC pour balayé les critiques. « Dans le passé, il y avait des barrages partout. Je les ai supprimés. Nous avons ouvert l’espace politique. Il y a maintenant 133 partis dans le pays », s’est-il félicité. Un nombre record de 23 candidats ont été enregistrés pour la présidentielle.

« Je suis une personne très douce dans la vie », a assuré Mnangagwa, « je suis doux comme la laine. »

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