Rendez-vous manqués avec les jeunes

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Après avoir plébiscité Amadou Toumani Touré (ATT) dès le premier tour de la présidentielle, le 29 avril, les Maliens lui ont offert une confortable majorité à l’occasion des législatives, dont le second tour a eu lieu le 22 juillet. L’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) a en effet décroché 128 sièges sur les 147 que compte l’Assemblée nationale. Mais cette victoire a été quelque peu ternie par la faible participation du corps électoral : 33 % lors du premier tour et guère plus pour le second.
Ce phénomène n’est pas nouveau au Mali, souvent cité en modèle de démocratie en Afrique subsaharienne. Si l’on exclut les premières élections pluralistes de 1992, qui avaient enregistré un taux respectable de plus de 50 %, les scrutins suivants, consultations nationales ou locales, n’ont pas soulevé l’enthousiasme populaire. En 1997, le président Alpha Oumar Konaré a été reconduit pour un second mandat alors que trois électeurs sur quatre avaient boudé les urnes. En 2002, le suspense d’un second tour aidant, la participation avait « bondi » à près de 40 %. Mais cinq ans plus tard, retour aux chiffres habituels : moins du tiers du corps électoral s’est senti concerné.
Et l’analphabétisme n’explique pas tout, les populations illettrées vivant pour la plupart en milieu rural, où l’on vote beaucoup plus qu’en ville. À croire, au regard des quelque 10 % de participation aux législatives du 22 juillet à Bamako, que les paysans auraient une conscience politique plus aiguë que leurs compatriotes citadins. À l’intérieur du pays, ils ont été environ 30 % à s’être rendus aux urnes. Dans la capitale, les élections ne manquaient pourtant pas d’intérêt : des personnalités politiques de premier plan, à l’image d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), ancien Premier ministre, président de l’Assemblée sortante et chef de file de l’opposition, avaient été mises en ballottage.
Là encore, rien de nouveau. Traditionnellement, les grandes agglomérations ne brillent pas par leur sens civique. S’ajoute à cette désaffection pour l’aggraver : le fait qu’au Mali la jeunesse – plus d’un électeur sur deux a moins de 25 ans – manifeste sinon de l’indifférence, du moins peu d’intérêt pour la gestion des affaires publiques. Autre explication, la conviction du citoyen que « les dés sont pipés », que le fait de mettre une enveloppe dans l’urne ne changera pas la donne, que cela ne mettra pas fin à la mauvaise gouvernance, à la corruption, aux malversations et au clientélisme. Mais aussi parce que la population ne fait pas ou plus confiance aux hommes politiques et qu’elle hésite à militer de crainte que cet engagement ne soit interprété comme une manière de prendre l’ascenseur social.
La Constitution n’établissant aucun seuil minimum de participation pour avaliser une consultation électorale, la légitimité des institutions élues n’a jamais été remise en question. Mais la classe politique devrait toutefois commencer à se poser des questions.

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