Érythrée – Éthiopie : Issayas Afeworki et Abiy Ahmed devraient « bientôt » se rencontrer
Le président érythréen Issayas Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed devraient organiser prochainement une rencontre historique, a indiqué le 28 juin un média proche du pouvoir éthiopien. Une nouvelle étape qui pourrait marquer le dégel des relations entre les deux pays, dont les plus hauts dirigeants ne se sont plus réunis depuis près de vingt ans.
Une délégation érythréenne de haut niveau, composée notamment du ministre des Affaires étrangères Osman Saleh et du conseiller spécial du président Issayas Afeworki, Yemane Gebreab, a effectué une visite historique de trois jours à Addis-Abeba, qui s’est conclue jeudi 28 juin.
« La rencontre a établi un terrain fertile pour la restauration de la paix entre les deux pays », a indiqué la radio-télévision proche du pouvoir éthiopien Fana, rapportant les propos du ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu. Ce dernier a annoncé que les deux dirigeants organiseraient prochainement une réunion, sans donner plus de détails sur le lieu et la date possible. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a ainsi envoyé une lettre jeudi au chef de l’État érythréen, Issayas Afeworki.
Une rencontre qui pourrait aider à mettre fin à des décennies d’hostilité entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.
Avantages commerciaux
Au cours d’un dîner organisé mardi soir au Palais national éthiopien, Abiy Ahmed a assuré que la paix entre les deux pays apporterait de nombreux bénéfices à la Corne de l’Afrique, notamment commerciaux. Il a ainsi annoncé que la compagnie aérienne Ethiopian Airlines reprendrait des vols à direction de l’Érythrée. « Nous avons le même sentiment à Asmara », la capitale érythréenne, a répondu Yemane Gebreab.
La délégation érythréenne a visité mercredi le parc industriel d’Hawassa, à 275 km au sud de la capitale Addis-Abeba, où 18 compagnies textiles et d’habillement emploient 18 000 personnes.
Inimaginable il y a encore quelques semaines, l’envoi de cette délégation avait été décidé par le chef de l’État érythréen, en réponse aux « signaux positifs » émanant du Premier ministre réformateur éthiopien. Abiy Ahmed, qui a pris ses fonctions en avril, a depuis amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de vingt-cinq ans dans le pays.
« Un premier pas positif »
Au nombre de ces bouleversements, l’annonce début juin de son intention d’appliquer l’accord de paix signé en 2000 avec l’Érythrée et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.
L’Éthiopie et l’Érythrée se sont livrés de 1998 à 2000 une guerre meurtrière conventionnelle, avec chars d’assaut et tranchées, qui a fait quelque 80 000 morts, notamment en raison d’un désaccord sur leur frontière commune. Le refus éthiopien d’appliquer une décision en 2002 d’une commission soutenue par l’ONU sur le tracé de la frontière a ensuite, entre autres, entretenu l’animosité entre les deux pays.
Il y a deux ans à peine, en juin 2016, un violent accrochage avait opposé les deux armées à la frontière, les Érythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens. L’Éthiopie avait alors mis en garde son voisin, lui rappelant qu’elle avait « la capacité de mener une guerre totale ».
La décision de Abiy Ahmed de tourner la page du conflit de 1998-2000 en respectant l’accord de paix d’Alger a été saluée par la communauté internationale.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est félicité jeudi d’un « premier pas positif » sur la voie de la normalisation entre les deux pays, qui devrait avoir « un impact considérable dans toute la région ».
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