Maroc : au procès du Hirak, un jugement qui suscite l’émotion
Les lourdes peines prononcées à l’encontre des meneurs du Hirak ont indigné membres du gouvernement marocain, leaders politiques, acteurs associatifs… Et les réseaux sociaux bouillonnent.
À l’issu du Conseil de gouvernement du jeudi 28 juin, le porte-parole de l’exécutif, Mustapha El Khalfi, botte en touche quand il s’agit de commenter les lourdes condamnations prononcées deux jours auparavant contre les leaders du Hirak, mouvement de contestation du Rif. « Le gouvernement ne peut se mêler de décisions de justice », lance-t-il avant de rappeler qu’il s’agit de jugements prononcés en première instance.
De fait, l’espoir de voir révisées à la baisse, en phase d’appel, les peines allant de 1 ans à 20 ans ferme contre 53 militants du mouvement social qui a secoué Al Hoceima dans le nord du Maroc revient implicitement dans les déclarations des responsables gouvernementaux.
L’espoir de verdicts plus équitables
« Il faut attendre la phase d’appel qui fait partie du processus judiciaire », a tweeté Saâdeddine El Othmani, le chef de gouvernement marocain, au lendemain de la décision de justice. Son collègue du Parti de la justice et du développement (PJD) et ministre des Libertés, Mustapha Ramid, est allé jusqu’à traiter, à demi-mots, les magistrats ayant prononcé les jugements controversés d’incompétents.
La juridiction d’appel est composée de cinq juges présumés plus compétents et plus expérimentés que leurs collègues de première instance, estime Mustapha Ramid
« En cas d’appel, l’affaire sera réexaminée devant la juridiction pénale, composée de cinq juges présumés plus compétents et plus expérimentés que leurs collègues de première instance. » Et d’ajouter : « J’ai grand espoir que cette affaire connaisse des verdicts plus équitables. Ceci renforcerait la confiance dans la justice et permettra une nouvelle réconciliation avec les habitants de la région. »
Acquis dans le domaine des droits de l’Homme
L’indignation face à ce jugement a été encore plus marquée chez d’autres leaders politiques. « Ces peines très sévères ne correspondent pas aux acquis de notre pays dans le domaine des droits de l’Homme », a souligné Hakim Benchemach, président de la Chambre des conseillers et secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM). Nabil Benabdellah, chef de file du Parti du progrès et du socialisme, considère de son côté que « ces dispositions ne contribueront pas à détendre l’atmosphère dans notre pays. » Quant à Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié estime que ces verdicts rappellent les années de plomb et « augurent la détérioration annoncée de la situation au Maroc. »
Al Hoceima comme le Maroc des réseaux sociaux, ont passé une nuit blanche ce 26 juin quand la Chambre criminelle de Casablanca a prononcé ces verdicts totalisant près de trois siècles d’emprisonnement à l’encontre des meneurs du Hirak, qui étaient 53 prévenus lors du procès. Sur internet, les insultes directes à l’encontre des autorités se confondent avec les demandes de grâce royale pour ces détenus du Rif. Cependant, les sit-in organisés, mercredi 27 juin, n’ont pas mobilisé grand monde.
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