Naissance d’une république

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Il est 15 h 30 ce 25 juillet 1957. L’Assemblée nationale constituante est réunie au Bardo, dans l’un des palais beylicaux, qui deviendra le siège permanent du Parlement. Bourguiba, héros de la lutte de libération nationale et président du Conseil depuis l’indépendance de la Tunisie en mars 1956, prend la parole. ?Une semaine auparavant, le 18 juillet, il avait révélé une partie de ses plans en déclarant que le « pays ne peut plus souffrir que le mal subsiste à sa tête ». Pour des raisons politiques et tant que les conditions n’étaient pas réunies pour abolir la monarchie, il avait ménagé les beys. Mais désormais, l’heure des comptes a sonné. Bourguiba veut en finir avec des souverains dont la plupart – à l’exception notable de Moncef Bey – étaient soumis aux ordres de l’administration coloniale et maintenaient autour d’eux une caste détachée des réalités du pays.
Le héros de la lutte d’indépendance n’hésite pas à faire le procès de la dynastie husseinite, dont les origines remontent à l’Empire ottoman, qui règne sur la Tunisie depuis 1705. Il en dénonce « les bassesses et les trahisons », avant d’appeler à leur disparition. « Le peuple tunisien, lance-t-il à la fin d’un discours de plus de deux heures, a atteint un degré de maturité suffisant pour assumer la gestion de ses propres affaires. Je sais toute l’affection qu’il me porte. Certains ont pensé que je pourrais prendre en charge ses destinées. Mais j’ai un tel respect pour lui que je ne lui souhaite pas de maître. Le seul choix que je puisse lui indiquer est celui de la République. »
À 18 heures, celle-ci est proclamée à l’unanimité, et Bourguiba, son fondateur, en devient sur-le-champ le premier président. Une délégation se rend aussitôt au palais d’Été du bey Mohamed Lamine Ben Hussein, à Carthage, pour lui signifier sa destitution et le conduire dans sa nouvelle résidence de la Manouba, dans les environs de Tunis. Par décret, les biens de sa famille sont confisqués, y compris les bijoux de la reine, dont la disparition reste aujourd’hui encore un mystère. La Constitution est promulguée en juin 1959.
Sous la République, les descendants de la dynastie vivent en simples citoyens. Certains deviendront marchands de casse-croûte ou restaurateurs, d’autres accéderont à de hautes fonctions au sein des organes de souveraineté de l’État (au ministère de l’Intérieur et de la Défense). D’autres encore seront de brillants universitaires.
Tombeur de la monarchie, Bourguiba n’en a pas moins fait accrocher dans la galerie menant à son bureau du (nouveau) palais présidentiel de Carthage les portraits de tous les beys qui se sont succédé sur le trône tunisien jusqu’à lui. Manière d’illustrer la continuité de l’État depuis l’Antiquité.

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