À l’ombre des Afghanes en pleurs

L’auteur des Cerfs-volants de Kaboul décrit la répression des femmes par les Talibans.

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le premier roman de Khaled Hosseini, Les Cerfs-volants de Kaboul, est devenu un immense best-seller. Ce livre se lit comme une variation contemporaine de Lord Jim de Joseph Conrad, dans laquelle on voit un homme consumer sa vie à expier une lâche trahison de jeunesse.
Né à Kaboul, Hosseini vit aux États-Unis depuis 1980. Il pratique une prose réaliste et met en scène des personnages qui se signalent par leur capacité à incarner des émotions fondamentales, comme dans les contes de fées ou les fables. Dans Mille Soleils splendides, il entend raconter en priorité la condition des femmes en Afghanistan. Ainsi voit-on dès les premières pages du roman la mère de l’une des deux héroïnes évoquer d’un ton solennel « le sort que la vie nous réserve ». Ces lamentations débouchent sur des situations mélodramatiques dignes d’un soap opera. Tout de suite après le suicide de sa mère, l’adolescente Mariam – fille illégitime d’un homme prospère – se retrouve mariée à Rasheed le cordonnier. Celui-ci est beaucoup plus âgé qu’elle et se révèle être une brute épaisse.
La vie de la seconde protagoniste, Lila, emprunte une trajectoire encore plus calamiteuse. Fille adorée d’un intellectuel qui l’encourage à poursuivre ses études, Lila voit sa vie dévastée quand un missile s’abat sur sa maison et tue ses deux parents. Son petit ami Tariq a entretemps quitté Kaboul avec sa famille pour se réfugier au Pakistan. Lila prend alors brutalement conscience qu’elle est orpheline, sans ressources ni amis. Puis, s’apercevant qu’elle est enceinte de Tariq, apparemment décédé lors d’une attaque à la frontière pakistanaise, elle consent à épouser Rasheed, persuadée que ni son bébé ni elle-même ne pourraient survivre seuls. Progressivement, Mariam et Lila deviennent des alliées qui déploient tous leurs efforts pour se protéger mutuellement des colères de Rasheed.
Dans les premiers chapitres du livre, les personnages sont si monolithiques que le lecteur a l’impression d’avoir affaire à des héros de bandes dessinées. Mais, petit à petit, la magie de la narration opère et parvient à nous faire entrer dans le vécu émotionnel de Lila et Rasheed. L’auteur s’emploie parallèlement à nous faire imaginer à quoi ressemblait la vie à Kaboul, avant et pendant le règne des Talibans. Hosseini décrit les patrouilles de la « police des imberbes » qui sont « à la recherche des hommes rasés de près afin de les tabasser », s’attarde sur l’histoire des hôpitaux qui renvoient des femmes sur le point d’accoucher sous prétexte qu’hommes et femmes doivent se faire soigner dans des lieux séparés. Au bout du compte, ce sont ces aperçus de la vie quotidienne en Afghanistan qui rendent ce roman si poignant et font oublier ses faiblesses.

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