L’inconnue de la participation

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Deux ans après le scrutin présidentiel, préparé de la pire des manières et controversé dans son déroulement, les Togolais sont cette fois invités à élire leurs députés. Initialement fixées au 24 juin, puis reportées au 5 août pour des raisons techniques, ces législatives devraient finalement avoir lieu en septembre. C’est en tout cas ce que prévoit le Comité de suivi de l’accord politique global, conclu le 20 août 2006, qui s’est réuni pour la septième fois, le 20 juillet, à Ouagadougou en présence du « facilitateur », le président burkinabè Blaise Compaoré. « Le Comité a invité la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à réactualiser son chronogramme [] et à préciser dans les meilleurs délais les modalités du scrutin législatif afin de favoriser l’information et la sensibilisation des acteurs politiques et des électeurs », précise le communiqué. Car pour l’instant, tout ne va pas sans mal.
Les opérations de recensement électoral ont débuté le 16 juillet et doivent s’achever le 17 août. Sur une population de 6 millions d’habitants, les autorités s’attendent à enregistrer entre 1,5 et 2 millions d’électeurs. « Mais beaucoup de Togolais hésitent. Ils n’ont pas oublié les événements d’avril 2005 et, malgré les garanties offertes par le nouveau pouvoir, l’appréhension est réelle. La volonté de celui-ci de tourner la page est manifeste, mais bon nombre d’habitants n’ont pas perçu la réalité du changement », résume un journaliste togolais. Avant d’ajouter : « Il faut intensifier la mobilisation. » Après trente-huit années de pouvoir quasi absolu du général Gnassingbé Eyadéma et une série de scrutins marqués par des violences, l’apprentissage démocratique reste chaotique. Malgré un budget de 25 millions de dollars – dont 15 millions apportés par la communauté internationale -, l’appareil administratif et la Ceni ont bien du mal à se mettre en place. Et l’opposition radicale de l’Union des forces de changement (UFC), dirigée par Gilchrist Olympio, a beau rôle de dénoncer « de graves irrégularités, défaillances et anomalies ». Initialement, l’UFC s’était engagée à participer au scrutin. Aujourd’hui, « si le processus s’avère complètement biaisé, nous mobiliserons des populations déterminées à refuser et cautionner des forfaitures », avertit l’un des dirigeants du parti, Patrick Lawson.
Conscient de cette menace qui pèse sur la légitimité de la prochaine Assemblée nationale, le gouvernement de Yawovi Agboyibo a dépêché des ministres à travers le pays pour sensibiliser les chefs traditionnels, les responsables politiques, les préfets et autres leaders d’opinion. « Nous ne pouvons nier les cafouillages des premiers jours, mais à présent le processus de recensement entre dans une phase de normalité, et il faut souligner le calme qui règne dans le pays. Après les efforts d’apaisement et de réconciliation entrepris depuis 2005 par le président Faure Gnassingbé, la dynamique de mobilisation est réelle. Quant au retard dans le calendrier, il faut avant tout privilégier le bon déroulement du scrutin afin de renforcer la paix », explique Gilbert Bawara, le ministre de la Coopération. Et de conclure : « Tout le monde a intérêt à ce que ces élections se déroulent sans violence. »

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