Russie 2018 : comment les équipes africaines ont gâché leur Mondial dans le « money-time »

Les cinq équipes africaines en lice dans le Mondial 2018 ont été éliminées au premier tour de la compétition. Une première depuis 1982, principalement à cause d’une mauvaise gestion des fins de rencontres.

L’Argentin Rojo a marqué un but à la 86e minute face au Nigeria, le 26 juin 2018., lors du Mondial en Russie. © AP/SIPA

L’Argentin Rojo a marqué un but à la 86e minute face au Nigeria, le 26 juin 2018., lors du Mondial en Russie. © AP/SIPA

Publié le 29 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

« Le football est un jeu où 22 types courent après un ballon, et à la fin les équipes africaines prennent un but », pourrait-on écrire en détournant le célèbre dicton lancé en 1990 par l’ancien international anglais Gary Lineker, qui avait conclu sa phrase par : « et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne ». Mais dans ce Mondial 2018, la Mannschaft s’est écroulée dans les dernières minutes de son match décisif face à la Corée du Sud (0-2), exactement comme les équipes africaines qui ont quasiment toutes lâché leur qualification à l’extrême fin d’une de leurs rencontres.

L’Égypte a commencé à l’envers son Mondial en craquant à la 89e minute face à l’Uruguay (0-1), comme le Maroc qui a perdu de façon encore plus tardive à la 95e minute face à l’Iran (0-1) et la Tunisie, défaite par l’Angleterre à la 91e (1-2) lors de la première journée de la phase de poules. Trois défaites dans le money-time, dont ne se sont jamais remis les sélections d’Afrique du Nord. Le Nigeria a lui perdu sa qualification lors de la dernière rencontre de son groupe face à l’Argentine à la 86e minute (1-2). De quoi dégoûter à tout jamais le public africain des fins de matchs.

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Cinq défaites concédées dans les dernières minutes

À cette liste des scénarios catastrophes, on peut ajouter le nul concédé par le Maroc, qui était à quelques secondes de s’offrir un succès de prestige face à l’Espagne avant le but d’Aspas à la 91e minute (2-2). Les Marocains étaient déjà éliminés de la compétition, mais une victoire face au champion du monde 2010 n’est jamais une anecdote. Enfin, les Pharaons de Mohamed Salah ont terminé eux aussi sur une mauvaise note, de manière encore plus catastrophique, en concédant une ultime défaite face à l’Arabie Saoudite à la 95e minute (1-2).

En tout, les formations africaines ont concédé sept buts à partir de la 80e minute dans cette Coupe du monde 2018, pour seulement deux buts marqués. Il y a quelque chose de pourri au royaume brûlant des fins de match pour les joueurs du continent…


La déconcentration liée à la fatigue ?

Comment expliquer un tel relâchement dans le money-time, comme les Anglais nomment ces ultimes minutes qui valent de l’or ? « C’est un manque de concentration lié à la fatigue », juge Gérard Gili, l’ancien sélectionneur français de la Côte d’Ivoire et de l’Égypte. « Quand une équipe est obligée de courir plus que l’autre, elle peut compenser physiquement pendant une bonne partie de la rencontre. Mais, sur la fin, cela déséquilibre les ressources entre les deux formations ».

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Les sélections du continent avaleraient donc plus de kilomètres que les autres nations ? C’est parfois vrai, car les Aigles ou les Lions ont été souvent dominés dans ce Mondial par des adversaires plus techniques. On pense à la Tunisie qui a craqué sur la fin face à la supériorité anglaise ou au Maroc qui a beaucoup subi en fin de match face à l’Espagne. Mais, cela n’est pas toujours vrai. Sur le terrain, les Lions de l’Atlas étaient plus forts que les Iraniens, et pourtant ils ont pris un but coupable en fin de rencontre. Même chose pour le Sénégal face à la Colombie.

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« Des tactiques trop prudentes »

Alors ? « C’est plus lié à un manque de concentration plus que de discipline », estime Robert Malm, ex-international togolais et consultant pour la chaîne BeIn Sports pour cette Coupe du monde. « Il y a aussi trop d’équipes africaines qui ont joué pour ne pas perdre. Vous avez un bloc bas sur le terrain et vous résistez le plus possible. Puis ça finit par craquer. C’est la petite équipe africaine qui a peur de l’adversaire. C’est ça qui coûte cher aux sélections africaines : des tactiques trop prudentes qui vont à l’encontre d’une caractéristique des joueurs africains : l’audace ! », poursuit-il.

Le Nigeria qui avait fait le plus dur en revenant au score face à l’Argentine en début de seconde mi-temps, grâce à un penalty de Moses, était à ce moment-là supérieur à son adversaire. Les Super Eagles auraient pu enfoncer le clou en poussant pour marquer un deuxième but et assurer leur qualification. Mais, ils ont reculé, laissant les Argentins reprendre leur souffle. Dans une fin de match tendue, ils ont fini par encaisser un but fatal. Une fébrilité qui a frappé toutes les sélections africaines à un moment ou à un autre dans ce Mondial 2018.

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