Le spectre d’Obasanjo

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Officiellement investi le 29 mai, le président Umaru Yar’Adua aura attendu presque deux mois avant d’annoncer, le 26 juillet, la composition de son gouvernement. Cinquante-huit jours pendant lesquels la gestion du pays le plus peuplé du continent est restée en suspens, tandis que rumeurs et démentis allaient bon train. Médias et hommes politiques attendaient impatiemment de découvrir la nouvelle équipe pour évaluer le degré d’indépendance du chef de l’État par rapport à Olusegun Obasanjo, son prédécesseur, dont certains jurent qu’il n’est que la marionnette.
Les uns voient dans l’exceptionnelle longueur du délai la preuve que Yar’Adua a dû se battre pour imposer ses vues. D’autres estiment au contraire qu’il lui a fallu ménager la chèvre (les ténors du parti qui l’a porté au pouvoir) et le chou : l’opposition, à qui, au lendemain de son élection, le 21 avril, il a proposé un gouvernement d’union nationale.
Autre explication : comme toute institution au Nigeria, le gouvernement est censé refléter et intégrer les multiples identités de la Fédération. Chacun des trente-six États doit ainsi disposer d’un ministre. Dressée par le président, la liste des membres du gouvernement est ensuite passée au crible du Sénat. On imagine que tout cela prend du temps
Parmi les 39 ministres (dont 7 femmes) se trouvent bel et bien, et à des postes clés, quatre fidèles du chef de l’État sortant, en particulier Ojo Madueke, aux Affaires étrangères. Ancien secrétaire national du People’s Democratic Party (PDP), au pouvoir, celui-ci a, en 2006, tout fait pour qu’Obasanjo puisse briguer un troisième mandat. Sans succès. Mais Yar’Adua a nommé aux Finances Shamsudeen Usman, docteur en économie et vice-gouverneur de la Banque centrale, de préférence à Bode Augusto, un poulain d’Obasanjo. Faut-il y voir une forme d’émancipation, au moins symbolique ?
Seuls deux membres de l’opposition, l’un et l’autre issus de l’All Nigeria Peoples Party (ANPP), la formation de l’ancien chef de l’État Muhammadu Buhari, ont obtenu un maroquin, mais Yar’Adua s’est engagé à leur faire une place plus importante à l’avenir. Pour sa part, le président s’est réservé le très stratégique portefeuille de l’Énergie, qui chapeaute les secrétariats d’État à l’Électricité, au Gaz et au Pétrole. Obasanjo avait fait la même chose.

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