Les associations féministes en difficulté

Publié le 30 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

En Algérie, le mouvement associatif qui a pris en main la défense de la condition féminine a connu un parcours tumultueux depuis l’ouverture politique des années 1989-1992. Nombreuses, extrêmement politisées et souvent proches des partis de gauche dans la décennie 1990, les associations féministes se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main.
Nadia Ait Zaï, juriste de formation, appartient à l’une d’entre elles. Avocate, enseignante à la faculté Ben-Aknoun, elle a créé, en 2002, le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfance et des femmes (CIDDEF), qui se trouve au pied de l’église du Sacré-Cur, à Alger. « À long terme, notre but est évidemment de faire modifier la loi, explique-t-elle. Mais, en attendant, notre priorité est de constituer un fonds documentaire sur la condition féminine pour dépasser le stade du slogan et renforcer nos arguments. Nous disposons actuellement de 4 000 ouvrages. »
Ourida Chouaki, enseignante et chercheuse spécialisée dans la physique des plasmas est, elle aussi, une militante féministe de longue date. Membre-fondatrice de Tharwa N’Fadhma N’Soumer, une association créée en 1997, elle cherche à faire abroger le code de la famille de 1984. « On a mené une campagne appelée 20 ans barakat, au sein d’un collectif présent en France et en Algérie. Mais chez nous, l’état d’urgence nous interdit les rassemblements. La seule façon de sensibiliser les gens a donc été les médias. Malheureusement, nous n’avons pas reçu l’autorisation de passer des clips à la télévision. »
Sur les hauteurs d’Alger, au détour d’une allée de pins, Meriem Bellala dirige, elle, un foyer de femmes et un centre d’écoute, ouverts depuis 1992. Il s’appelle SOS Femmes en détresse. À l’étage de la maison en préfabriqué se trouvent les chambres d’une douzaine de pensionnaires, victimes de violences ; au rez-de-chaussée, trois ateliers de formation accueillent également des externes. Dans la salle informatique, une jeune femme peaufine son CV, l’autre prépare des cartes de visite pour un mariage dans un bidonville. « Les femmes qui viennent chez nous doivent repartir avec quelque chose. On leur apprend à travailler chez elles, en exploitant les compétences et les outils qu’elles ont à leur disposition », explique Bellala. « Mais les autorités publiques ne nous facilitent pas la tâche, regrette-t-elle. Les associations sont perçues comme un contre-pouvoir et accusées d’antipatriotisme, parce qu’elles mettent le doigt sur les problèmes sociaux. Longtemps, on a cru à beaucoup de choses, par exemple qu’un idéal démocratique était possible. Mais, aujourd’hui, les désillusions sont telles que l’engouement est retombé comme un soufflé. »

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