Après Sonia, Pratibha
Le parti du Congrès fait élire une femme à la présidence.
Pratibha Patil : retenez ce nom, c’est celui de la nouvelle présidente de l’Inde. Même si, dans la « plus grande démocratie du monde », la présence de femmes au plus haut niveau de l’État ne surprend plus personne – et si la fonction est largement honorifique (le président est quand même chef des armées) -, l’événement est symboliquement « aussi important que l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, de Golda Meir en Israël, ou d’Indira Gandhi en Inde, il y a quarante ans », estime un historien.
La nouvelle présidente, qui a prêté serment le 25 juillet devant les parlementaires des deux Chambres avant de gagner le Rashtrapati Bhavan (palais présidentiel) en compagnie de son prédécesseur, conformément à un protocole républicain bien huilé, n’est pas une novice en politique. Juriste de formation, Patil (72 ans) est entrée au Parlement en 1962, mais a fait l’essentiel de sa carrière dans sa région natale du Maharashtra (capitale : Bombay), sous la bannière du parti du Congrès. Depuis 2004, elle était gouverneure de l’État du Rajasthan. Elle n’a jamais perdu une élection et a toujours manifesté un dévouement sans faille à la famille Nehru-Gandhi.
C’est sans doute pour la remercier de sa loyauté que Sonia Gandhi, la présidente du Congrès, a proposé sa candidature à la coalition de centre gauche au pouvoir, qui l’a entérinée sans difficulté : Patil présente le double avantage d’être issue du sérail et de s’être toujours montrée intransigeante dans la défense de la laïcité et de la démocratie. Les organisations féministes, qui, dans les années 1990, parvinrent à imposer la présence d’au moins 33 % de femmes dans les élections locales, sont également satisfaites.
L’opposition hindouiste, en revanche, crie au scandale et accuse la nouvelle élue de corruption et même de complicité de meurtre ! Elle a même créé à cet effet un site Internet intitulé « Le vrai visage de Pratibha Patil ». Mais son candidat, le vice-président Bhairon Singh Shekhawat, a été battu sans discussion.
D’ordinaire, le scrutin présidentiel ne donne pas lieu à de tels affrontements. Le chef de l’État ayant essentiellement pour mission de témoigner soit de l’excellence culturelle et/ou scientifique du pays, soit de l’importance des transformations sociales dont il est le théâtre, les partis se sont longtemps aisément mis d’accord sur le nom d’un candidat de consensus. On a ainsi vu se succéder à ce poste un philosophe, un pionnier du programme spatial, des représentants de la minorité musulmane et même un « intouchable ».
Or, depuis quelques années, l’Inde est entrée dans l’ère des majorités électorales incertaines. La présidence, dont l’une des rares prérogatives est de nommer le Premier ministre, prend donc une importance nouvelle et suscite d’âpres convoitises. De ce point de vue, le Congrès de Sonia Gandhi vient de réussir un fort joli coup.
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