Viva Braziou !

Publié le 30 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

Un dimanche, sur la plage de Maputo. Le soleil brille, le vent de l’hiver austral commence à souffler, mais le thermomètre affiche encore ses 25 °C. La mer est calme et l’on aperçoit au loin quelques barques de pêcheurs partis chercher la pitance du soir. Là, devant le Clube Marítimo, un tournoi de volei de praia (beach volley) bat son plein. Les garçons contre les garçons, les filles contre les filles. Ils portent des shorts serrés, des tee-shirts blancs au nom de leur sponsor, TVCabo. Sur la promenade de la Marginal qui surplombe la plage, des badauds sirotent Coca, Sprite ou caïpirinha à l’abri des parasols. Une musique aux rythmes latinos sort des haut-parleurs. On pourrait facilement se croire à l’autre bout du monde, chez ce grand frère que les Mozambicains envient tant : Brésil (prononcez Braziou), terre de métissage et de liberté !

La culture brésilienne a fini par arriver jusque sur les rives de l’océan Indien, et la langue que les Mozambicains partagent depuis la colonisation avec le géant de l’Amérique latine leur a donné tôt l’envie de s’en rapprocher. Sur les ondes de la télévision nationale, on retransmet les telenovelas, ces séries si populaires au Brésil et qui font rêver les jeunes de Maputo. Dans les restaurants, on sert feijoadas – les célèbres haricots brésiliens cuisinés avec des morceaux de porc salés – et mojitos, ces cocktails à base de rhum et de menthe. Du coup, les moeurs mozambicaines évoluent. La jeunesse dorée de Maputo danse la samba ou la macarena au Mambo, nouveau lieu à la mode en plein coeur de la Baixa, le quartier des affaires. Les filles ont les cheveux défrisés, portent des jeans moulants, se promènent le nombril à l’air et le décolleté plongeant. Les jeunes couples se baladent main dans la main dans les rues de la ville.
Le rapprochement culturel du Mozambique avec le Brésil est un autre moyen pour ses habitants de se différencier de leur omniprésent voisin sud-africain. Une manière de résister à l’envahisseur anglophone, ou même francophone. Histoire de montrer que l’Afrique lusophone existe. Sur la chaîne nationale, on peut voir diffusés en boucle les concerts de Cesaria Evora, la star cap-verdienne. Même s’ils ont bien du mal à résister à la concurrence sud-africaine qui tente de s’approprier le Mozambique, les habitants de ce magnifique pays côtier ne semblent pas avoir l’intention de perdre leur culture. Et compte bien sur cette mondialisation forcée pour bâtir des ponts avec un pays lointain, et encore considéré comme en développement, mais qui n’en « finit pas de monter ».

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Là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, on y pense aussi, en tout cas dans les classes dirigeantes, car la majorité des 176 millions de Brésiliens doit ignorer jusqu’à l’existence de ce pays d’Afrique australe. Le ministre des Affaires étrangères brésilien, Celso Amorim, s’est rendu au Mozambique en mai. Et le président lui-même, Luiz Inácio Lula da Silva, devrait faire escale à Maputo dans les prochaines semaines, lors de sa tournée africaine. Deux visites de haut rang en moins de six mois : du jamais vu et un symbole frappant de la nouvelle politique du président travailliste ! Les résultats de ces visites sont d’importance pour le Mozambique : elles pourraient bien signer le nouveau départ d’une coopération qui a débuté en 2000 avec une entraide dans la lutte contre le sida. Les Brésiliens ont annoncé leur intention d’ouvrir une usine de production de médicaments génériques au pays de Chissano, gravement touché par la pandémie. La politique de Lula, à savoir mettre en place une coopération Sud-Sud, qu’il a encore répétée à Évian (France) pendant le sommet du G8, se concrétiserait alors au Mozambique. Une chance inespérée de nouveau partenariat pour ce grand champion africain de l’aide internationale.

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