Nasser Bourita : sur le Sahara, « l’UA va devoir s’aligner sur le Conseil de sécurité de l’ONU »
Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, fait le bilan des travaux du 31e sommet de l’UA à Nouakchott. Notamment sur la question du Sahara occidental.
Union africaine : tout savoir sur le 31e sommet des chefs d’État
Réunis les 1er et 2 juillet à Nouakchott, en Mauritanie, pour le 31e sommet de l’Union africaine (UA), les chefs d’État de l’organisation continentale ont discuté de certains dossiers brûlants : le conflit au Sahara occidental, la réforme de l’UA, la candidature de Louise Mushikiwabo à l’OIF… Voici ce qu’il fallait retenir.
Pour le Maroc, le principal enjeu du 31e sommet de l’Union africaine (UA) à Nouakchott était clair : s’assurer que, sur le conflit au Sahara occidental, l’institution panafricaine ne cherche pas à se substituer à l’ONU, qui offre les meilleures garanties à ses yeux. Son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui menait la délégation, se dit satisfait des conclusions.
Jeune Afrique : Êtes-vous satisfaits de la décision de l’Union africaine (UA) sur le Sahara ?
Nasser Bourita : Oui. Elle apporte des clarifications fondamentales. D’abord sur le rôle de l’UA dans le dossier du Sahara. Elle dit que le rôle de l’UA devrait viser à accompagner et soutenir les efforts des Nations unies. Son rôle se limite donc à cela : il n’a pas de processus à développer, ni d’initiative à lancer. Le dossier reste à l’ONU et l’UA n’intervient qu’au même titre des organisations régionales. Elle doit s’aligner sur le Conseil de sécurité de l’ONU.
Ensuite : beaucoup d’organes de l’UA s’immisçaient dans cette affaire. Le Conseil paix et sécurité, celui des droits de l’Homme… Or le sommet a créé un mécanisme qui rendra compte aux chefs d’État uniquement. Ce sont donc des éléments très importants.
Que pensez-vous de la composition du mécanisme, c’est à dire la troïka composée de l’ancien, de l’actuel et du futur président en exercice de l’UA, avec le président de la Commission ?
C’était la formule à laquelle nous étions le moins défavorable. Nous avions des réserves sur un mécanisme à seulement deux têtes : président en exercice et président de la Commission, car il présentait le risque d’avoir un président activiste, hostile.
Nous savons que nous avons au moins trois régions et demie avec nous
Nous préférions la troïka car elle est le fruit d’une rotation entre cinq sous-régions africaines. Nous savons que nous avons au moins trois régions et demie avec nous. L’Afrique du Nord, à part l’Algérie, est neutre. L’Afrique de l’Ouest, c’est bon. Le centre aussi. La moitié de l’Afrique de l’Est n’est pas hostile. Il ne reste que l’Afrique australe. Donc même dans le cas où le président en exercice serait algérien, son prédécesseur et son successeur équilibreraient.
Ces trois chefs d’État auront tout de même un poids important face au processus des Nations unies…
Leur mandat est clair : ils ne sont pas là pour mener une action. Ils sont là pour montrer leur soutien à l’ONU. D’ailleurs, les Nations unies sont mentionnées au moins trois fois dans la décision finale.
Le Maroc est candidat pour rejoindre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). De nombreux chefs d’État de ce bloc étaient présents ici, au sommet de Nouakchott. Avez-vous pu faire avancer ce dossier ?
Nous avons eu des discussions en marge du sommet. Mais un mécanisme a été mis en place par la Cedeao elle-même. Des étapes ont été fixées. Un rapport d’impact sur notre adhésion est en cours de finalisation. Une version a déjà été soumise. Donc nous respectons cela. Mais comme je l’ai déjà dit, le Maroc a fait une offre et attend maintenant une réaction.
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