Un vrai-faux candidat

Publié le 30 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

AU SIÈGE DE LA COMMISSION de l’Union africaine (UA), on est formel : « Il n’y a que deux candidats en course pour les élections du 10 juillet à Maputo. Les chefs d’État africains réunis en sommet devront choisir entre le Malien Alpha Oumar Konaré et l’Ivoirien Amara Essy pour le poste de président de la Commission. » Mais Miguel Trovoada, ancien président
de São Tomé e Príncipe, ne veut rien entendre. Il sillonne les capitales africaines et bat campagne comme s’il était en course. La note verbale portant acte de sa candidature
n’est pourtant parvenue au siège de l’UA, à Addis- Abeba, qu’à la mi-mai, bien après le 30 mars, date limite de dépôt des candidatures. « L’UA ne va chipoter pour quelques jours
de retard, avance Patrice Trovoada, fils de Miguel. On a vu des entorses au règlement intérieur bien plus graves. » Mais Addis-Abeba est resté intransigeant : « Pas question de
violer les règles admises par tous. »

Ce n’est pas tout : São Tomé e Príncipe est sous le coup de sanctions pour arriérés de contributions au budget général de l’UA. Et, à ce titre, interdit de débats, privé de droit de vote. En outre, ses ressortissants donc Trovoada ne peuvent prétendre à aucune fonction élective au sein de l’organisation. Les informations faisant état du
paiement de tous les arriérés de l’archipel (autour de 1,8 million de dollars) se sont révélées infondées, la Commission intérimaire n’ayant reçu aucun virement à la date du 23 juin. Mais l’ancien président santoméen ne veut rien savoir, d’autant qu’il n’est pas seul. Il revendique le soutien des ténors d’Afrique centrale : le Camerounais Paul Biya, le Gabonais Omar Bongo, le Congolais Denis Sassou Nguesso et le Tchadien Idriss Déby. Tous misent sur un improbable scénario : Amara Essy et Alpha Oumar Konaré, les deux
candidats en lice, sont au coude à coude. Aucun des deux ne parvient à arracher la majorité qualifiée requise (deux tiers des pays votants). Les chefs d’État cherchent une solution de substitution. C’est alors que les présidents d’Afrique centrale entrent en jeu pour proposer le nom de Miguel Trovoada. Mais cette hypothèse ne résiste pas aux textes. En cas de blocage après quatre tours, le président en exercice met fin au
scrutin et décide que le vice-président élu assure l’intérim pour une durée d’un an. Miguel Trovoada sait tout cela, mais il s’est pris à croire que l’Afrique fera, une fois de plus, une entorse aux règles dont elle s’est dotée.

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