Macron en visite au Nigeria pour rapprocher la France de l’Afrique anglophone
Après son passage en Mauritanie, où il a rencontré les dirigeants de la force du G5 Sahel, Emmanuel Macron est attendu mardi à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Avec pour objectif de tisser des liens plus étroits avec l’Afrique anglophone.
Emmanuel Macron rencontrera à Abuja son homologue Muhammadu Buhari, avant de s’envoler aussitôt pour Lagos, capitale économique et culturelle de l’Afrique de l’Ouest. Après son passage au Ghana, il y a quelques mois, le président français montre ainsi une claire intention d’avoir des rapports plus étroits avec l’Afrique anglophone.
Le président français connaît bien le Nigeria, où il a effectué quinze ans plus tôt son stage de l’École nationale d’administration (ENA) à l’ambassade de France à Abuja – un épisode dont il a répété avoir gardé d’excellents souvenirs.
Un partenaire indispensable
Économiquement, le Nigeria est un partenaire indispensable pour la France. Son marché de 180 millions de personnes est incontournable et le pays, avec une production globale de quelque 2 millions de barils/jour, représente plus de 10 % de la production du groupe français Total.
À Abuja, lors de sa rencontre avec son homologue nigérian, Emmanuel Macron abordera les questions générales de sécurité dans la région. Le Nigeria, qui compte près de 200 000 hommes en uniforme, est un acteur militaire puissant en Afrique de l’Ouest. Mais le pays reste confronté à de nombreux défis sécuritaires, au premier rang desquels l’insurrection jihadiste de Boko Haram, et à une montée des violences, notamment avec le conflit entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades. Celui-ci a fait un millier de morts depuis le début de l’année.
Toutefois, pour sa troisième et dernière étape de sa tournée, à Lagos, le président français a décidé de sortir des carcans diplomatiques traditionnels en axant sa visite sur le rayonnement artistique et culturel de la ville. Il est le premier président français à se rendre dans cette mégalopole de 20 millions d’habitants.
Lors d’une soirée mardi, rythmée de concerts, de défilés de mode ou de scènes de théâtre, Emmanuel Macron lancera officiellement la Saison des cultures africaines qui se tiendra en France en 2020.
« Une très belle surprise »
« C’est une très belle surprise, que M. Macron ait choisi de célébrer la culture lors de son passage à Lagos », explique à l’AFP le ministre local du Tourisme et de la Culture, Steve Ayorinde. « Mais ce n’a pas été un choc, sachant que la France est un pays très réputé pour l’attention portée à la culture et sachant que M. Macron est un président jeune, qui connaissait déjà le pays ».
Le choix du lieu, le Shrine, salle de concert emblématique du roi de l’afrobeat Fela Kuti, a toutefois interloqué de nombreux Nigérians, peu habitués à voir des délégations diplomatiques sous les hangars d’habitude enfumés de marijuana et qui gardent une certaine mauvaise réputation.
Tokini Peterside, directrice d’Art X, l’une de plus grandes foires d’art contemporain d’Afrique et qui présentera le travail de trois artistes nigérians au président Macron est « incroyablement enthousiaste » à la veille de cette soirée. « C’est osé de sa part », confie-t-elle. « Mais Lagos peut enfin être montrée pour ce qu’elle est: la capitale culturelle de l’Afrique, avec des musiciens, des artistes et des créateurs de mode qui sont reconnus désormais à travers le monde. »
Mercredi, après une rencontre avec de jeunes entrepreneurs nigérians, le président inaugurera la nouvelle Alliance Française de la ville. Dans une ville, où les infrastructures manquent cruellement malgré l’énergie artistique, la culture reste très chère, et l’Alliance, au-delà de diffuser la francophonie – autre point important de la visite présidentielle – veut donner accès au cinéma et aux expositions au plus grand nombre.
C’est un Nigérian qui finance cet immense lieu situé dans le quartier huppé d’Ikoyi: Mike Adenuga, deuxième homme le plus riche du Nigeria avec une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars grâce au pétrole et aux télécommunications, a payé la totalité du bâtiment.
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