Sommet de l’UA : les coulisses de la visite d’Emmanuel Macron en Mauritanie

En marge du 31e sommet de l’Union africaine, le chef de l’État français a entièrement axé sa visite officielle à Nouakchott, du 2 au 3 juillet, sur les questions sécuritaires.

Le président français Emmanuel Macron, à Nouakchott, le 2 juillet 2018. © Ludovic Marin/AP/SIPA

Le président français Emmanuel Macron, à Nouakchott, le 2 juillet 2018. © Ludovic Marin/AP/SIPA

Publié le 3 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.

Sur le tarmac de l’aéroport de Nouakchott, le 1er juillet à 12h30, Emmanuel Macron a rendu hommage aux « civils africains, premières victimes du terrorisme », à la suite des deux attentats récemment survenus au Mali – à Sévaré vendredi et à Gao dimanche. Le ton de sa visite officielle en Mauritanie, la première d’un chef de l’État français depuis Jacques Chirac, en 1997, était donné. Emmanuel Macron est arrivé à la tête d’une délégation réduite, composée de ses ministres Jean-Yves Le Drian (Europe et Affaires étrangères) et Florence Parly (Armées), ainsi que du patron de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux. Une mission du Medef International suivra, du 9 au 11 juillet.

Au cours de cette journée, Macron n’a fait aucune annonce, préférant s’entretenir discrètement avec ses homologues africains réunis à Nouakchottà l’occasion du 31e sommet de l’Union africaine (UA). À son arrivée au Palais des congrès, il s’est entretenu avec son hôte Mohamed Ould Abdelaziz, dans leur voiture stationnée devant l’entrée… bloquant ainsi pendant plus de trente minutes la délégation de l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema, empêché de regagner son avion.

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« L’UA doit mettre la main à la poche »

Tous deux ont à nouveau longuement échangé sur les questions sécuritaires avant le déjeuner, où ils ont retrouvé les chefs d’État et de délégations, ainsi que le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Au menu des discussions, le G5 Sahel et, surtout, le financement des opérations de maintien de la paix. Les deux présidents réfléchissent à des voies alternatives, les Nations unies refusant de prendre en charge financièrement les forces du G5 Sahel.

« En clair, l’UA doit mettre la main à la poche, glisse un ministre ouest-africain. Emmanuel Macron travaille à un projet de résolution pour un financement conjoint UA-ONU, et il a déjà fait part de sa démarche au secrétaire général António Guterres. » Après ce déjeuner, Emmanuel Macron a eu deux tête-à-tête : l’un avec son homologue sénégalais Macky Sall – qui a ensuite longuement échangé avec « Aziz » -, l’autre avec le Guinéen Alpha Condé. Il a ensuite rejoint, accompagné de son hôte mauritanien et de ses partenaires du G5 Sahel, Mahamadou Issoufou (Niger), Idriss Déby Itno (Tchad) et Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), le nouveau collège de défense du G5 Sahel inauguré en novembre 2017.

« Nous gagnerons cette bataille ensemble »

Cet établissement, dont la formation est appuyée par la France, accueillera prochainement sa première promotion d’une trentaine d’étudiants, qui sortira diplômée d’un Brevet d’études militaires supérieures et qui dispensera, dès 2019, un master 2 Défense et relations internationales. « Nous avons été touchés dans l’essence même de notre existence », a déclaré Mohamed Ould Abdelaziz, évoquant les récentes attaques au Mali. « Nous nous battrons contre le terrorisme sur le plan de la sécurité mais aussi sur celui du développement », a ajouté Mahamadou Issoufou, avant qu’Emmanuel Macron ne présente ses condoléances au peuple malien. « Nous gagnerons cette bataille ensemble », a-t-il lancé, avant d’ajouter que « les citoyens français blessés [à Gao, ndlr] ont été évacués par la France. »

Il n’a, en revanche, pas annoncé de soutien financier supplémentaire chiffré au G5 Sahel, précisant seulement que « la France et l’Europe continueront à être présents sur le plan du financement de la force conjointe. » Les cinq dirigeants se sont ensuite réunis à huis clos au sein de ce collège – une séance qu’ils avaient préparé en amont.

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Emmanuel Macron et Mohamed Ould Abdelaziz ont ensuite mis le cap vers Ribat El Bahr, à l’ouest de Nouakchott. C’est la première fois qu’un président mauritanien offre un dîner en plein air à l’un de ses homologues, l’Élysée souhaitant un cadre différent. Au programme, méchoui et griots, sous la khaïma (« tente ») dressée près de la plage. Macron a ensuite dormi à la présidence avant de quitter Nouakchott pour Abuja ce 3 juillet, à 8h30 locales. Ce départ très matinal n’a finalement pas rendu possible un déplacement à Kiffa, initialement prévu afin d’y inaugurer une centrale solaire financée par l’AFD.

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