RDC : en exil, Moïse Katumbi dévoile son cabinet

Près de quatre mois après la présentation de son programme, l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle en RDC, nomme 46 personnes au sein de son cabinet. Et se dit prêt pour les élections.

Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

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Publié le 3 juillet 2018 Lecture : 4 minutes.

Malgré un exil forcé qui perdure et de multiples ennuis politico-judiciaires, Moïse Katumbi affûte ses armes en vue des prochaines échéances électorales. C’est en tout cas le message que ce candidat déclaré à la présidentielle à venir en RDC essaie de faire passer.

Vingt-quatre heures seulement après avoir annoncé que les regroupements politiques composant sa plateforme électorale déposeraient bien, sous certaines conditions, des candidatures dans les 201 circonscriptions prévues pour les provinciales du 23 décembre prochain, le leader d’Ensemble pour le changement a signé, dans la soirée du lundi 2 juillet, six décisions portant notamment sur la nomination des membres de son cabinet.

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« SK Della », de l’ombre à la lumière

Jeune Afrique a pu consulter ces documents. Sans grande surprise, le candidat déclaré en exil confirme son bras droit, Salomon Idi Kalonda Della, au poste de conseiller spécial et politique. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d’années et ont depuis cheminé ensemble dans le business, le sport avec le TP Mazembe et la politique.

Salomon Idi Kalonda Della, conseiller spécial et politique de Moïse Katumbi. © TP Mazembe

Salomon Idi Kalonda Della, conseiller spécial et politique de Moïse Katumbi. © TP Mazembe

Conseiller de Katumbi, alors gouverneur du Katanga, pendant près de neuf ans, le quadragénaire Salomon « SK Della » a toujours travaillé aux côtés de son mentor et a su ainsi gagner sa confiance. Rompu à l’art des négociations secrètes, à la tête du Parti national pour la démocratie et le développement (PND), qui draine de plus en plus la foule dans le Sud du pays, cet homme de l’ombre a été, entre autres, de toutes les tractations avec les politiques de premier plan qui entourent aujourd’hui Moïse Katumbi.

Le dircab Kamitatu et les 46 conseillers

À la tête du cabinet de l’ex-gouverneur, une figure bien connue de la scène politique congolaise avait été placée dès le mois d’avril. Plusieurs fois ministre, et président de l’Assemblée nationale pendant la période de la transition en RDC (2003-2006), Olivier Kamitatu dirigera désormais les 46 conseillers nommés lundi par Moïse Katumbi.

Un cabinet pléthorique ? « C’est beaucoup », reconnaît Olivier Kamitatu, qui justifie ce volume par la « période électorale, qui nécessite d’affiner les dossiers » du programme du candidat. « Mais, rassure-t-il, une fois élu, Moïse Katumbi formera un gouvernement restreint et compte bien réduire le train de vie de l’État ».

Olivier Kamitatu, porte-parole de l'opposant Moïse Katumbi, le 16 mai 2016, à Washington. © Jacquelyn Martin/AP/SIPA

Olivier Kamitatu, porte-parole de l'opposant Moïse Katumbi, le 16 mai 2016, à Washington. © Jacquelyn Martin/AP/SIPA

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Un cabinet paritaire

En attendant, « l’une des principales préoccupations a consisté à présenter une équipe paritaire, avec la présence de 23 femmes et de 23 hommes dans le cabinet », poursuit Kamitatu. Nous n’avons pas fait du remplissage : Katumbi a tenu à choisir des personnes compétentes dans leurs domaines respectifs ».

Issue d’une famille royale dans l’ex-Katanga, l’ancienne militante de la société civile Dominique Munongo Inamizi, 57 ans, est par exemple nommée conseillère de Katumbi en charge des Relations extérieures et de la Coopération internationale.

Dominique Munongo Inamizi, ancienne militante de la société civile, nommée conseillère de Moïse Katumbi en charge des relations extérieures. © Flickr/Monusco

Dominique Munongo Inamizi, ancienne militante de la société civile, nommée conseillère de Moïse Katumbi en charge des relations extérieures. © Flickr/Monusco

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La femme d’affaires Anne-Emilie Poto, sœur de la Première dame du Congo-Brazzaville, est, elle, chargée de la Coopération et de l’Intégration régionale. L’ancien député du parti au pouvoir Francis Kalombo et le Français François Hurstel, deux autres fidèles qui accompagnent Moïse Katumbi de longue date, ont été désignés, respectivement, conseiller en charge des questions électorales et conseiller en communication. Hurstel apportera notamment son expertise en matière de campagnes politiques et son réseau à l’international.

Jean-Jacques Wondo, expert des questions de sécurité, passé par l’École royale militaire belge, rejoint également Katumbi. Il en est de même de l’ancien magistrat Frédéric Bola, de l’ancien ministre provincial Jean-Marie Dikanga Kazadi et de Boniface Yemba Poyo, professeur à Washington et l’un des auteurs de la première version du Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSRP) de la RDC. C’est lui qui a rédigé la partie macro-économique du programme du candidat Moïse Katumbi.

« Intégration verticale des générations »

Dans le cabinet de ce dernier, on compte aussi des jeunes, notamment Patrick Amani Mundeke, Abel Augustin Amundala, Milly Mumba ou Marcelline Nkenyi, qui font, pour la plupart, leurs premiers pas en politique. « Une intégration verticale des générations chère à Moïse Katumbi », théorise Olivier Kamitatu.

Décision portant nomination des membres du cabinet de Moïse Katumbi

Outre la nomination du conseiller spécial et des membres de son cabinet, Moïse Katumbi a également créé quatre « coordinations régionales extérieures » (Afrique, Europe, Asie-Océanie et Amérique). « C’est bien un signal fort que nous sommes prêts, non seulement pour aller aux élections mais aussi pour proposer une alternance. Après Kabila, ce ne sera donc pas le néant », complète Salomon Idi Kalonda.

Mais pour prendre part aux scrutins de décembre, le camp Katumbi exige, entre autres, « l’abandon de la machine à voter », « la publication immédiate des listes électorales provisoires sans les cas litigieux », « l’application de toutes les mesures de décrispation politique contenues dans l’accord de la Saint-Sylvestre », notamment la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés…

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