L’Afrique en mouvement

Créée à la fin de 2002, Africa 2005 s’est donné pour objectif de préparer une année internationale du continent.

Publié le 30 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

«Lorsque l’on demande à quelqu’un ce qu’il pense de l’Afrique, il y a 80 % de chances que les premiers mots qui lui viennent à l’esprit soient négatifs », soupire Korédé Odjo, un brin désabusée. Lassée de voir son continent traîner une telle réputation, cette Béninoise de 28 ans, qui travaille dans la région parisienne pour un groupe de communication, a décidé, avec plusieurs jeunes et moins jeunes, africains ou non africains, « de changer cette image pour montrer le dynamisme réel de l’Afrique et la volonté de ses populations de s’en sortir ».
L’initiative a été lancée en septembre 2002, avant qu’une association ne voie le jour en décembre de la même année. Son nom : Africa 2005. Son objectif : faire de 2005 l’année internationale de l’Afrique. Un pari ambitieux, lancé officiellement le 22 mai dernier au Musée Dapper, dans le 16e arrondissement de Paris. Pour ses concepteurs, cette structure doit permettre de fédérer toutes les bonnes volontés, de la société civile aux entreprises, en passant par des institutions telles que l’Unesco ou la Francophonie.
Pour démentir le pessimisme ambiant, l’association veut mettre en avant des réalisations concrètes contribuant au rayonnement du continent africain. Africa 2005 va donc regrouper et labelliser des projets, « qui peuvent découler d’actions individuelles ou communautaires, autour de thèmes sanitaires, économiques, culturels ou humanitaires, mais qui doivent rester apolitiques », explique Korédé Odjo, responsable des actions de communication. Dans cette optique, le site Internet, lancé le 28 mars (www.africa2005.com), joue un rôle clé, en rassemblant les projets et en mettant surtout en place une vraie communauté internationale.
En moins d’un an, les promoteurs du projet ont fait jouer leurs carnets d’adresses pour trouver les personnalités susceptibles de cautionner le mouvement par leur seule présence. C’est ainsi que la présidence a été confiée à Aminata Niane, directeur général de l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix) au Sénégal, et la vice-présidence Amériques à Joseph Wilson, ex-conseiller aux Affaires africaines auprès du président Clinton. Au final, Africa 2005 sera structurée autour de sa présidente et de sept vice-présidents responsables chacun d’un continent ou d’une sous-région africaine. Plusieurs postes sont encore à pourvoir, mais le mouvement est enclenché et la quinzaine de bénévoles qui constitue le noyau fondateur s’est déjà considérablement élargie. Aujourd’hui, l’association revendique une centaine de membres. « À terme, nous attendons un million d’adhérents », indique Korédé Odjo.
Après l’Afrique du Sud en mars et donc Paris en mai, Africa 2005 doit se faire connaître dans les tout prochains mois à Douala et à Dakar. Parallèlement à ce travail de sensibilisation, l’association cherche à tisser sa toile à travers la planète. Des clubs Africa 2005 ont déjà vu le jour à Paris, à Londres et à New York. « Nous voulons toucher tous les continents, notamment par l’intermédiaire des diasporas », affirme Korédé Odjo. Mais en prenant garde de ne jamais se couper de l’Afrique. Des contacts ont déjà été établis en Algérie, au Cameroun, en Afrique du Sud, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Sénégal. « Le continent africain doit être le creuset des initiatives, la structure doit surtout motiver et susciter les projets », précise la « communicante » du mouvement. L’association prévoit ainsi de mettre en place des antennes-relais, qui apporteront un soutien logistique aux promoteurs des projets.
Alors qu’Africa 2005 commence à collecter ses premiers projets (une dizaine aujourd’hui en ligne), le programme devant marquer l’année 2005 est en cours de définition. L’association veut notamment mettre en avant chaque semaine un pays africain différent. Douze Africa 2005 Awards doivent également être remis tout au long de l’année à des Africains particulièrement méritants dans leur domaine.
Encore faut-il trouver les financements. Jusqu’à maintenant, l’association a essentiellement fonctionné par donation. « Nous espérons être sponsorisés plus tard par les entreprises intéressées, ainsi que par les institutions internationales », explique Korédé Odjo, qui tient à préciser « qu’Africa 2005 restera associatif », l’essentiel étant de permettre « au rêve de se réaliser ».

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