Introduction

Publié le 30 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Le chef de la diplomatie française aura consacré une bonne partie de son agenda de la seconde moitié de juin à l’Afrique. Un rapide voyage en Mauritanie, un autre, plus long, en Afrique australe et centrale, et un « discours sur la méthode » consacré au continent prononcé devant l’Institut des hautes études de la défense nationale, dont nous publions ci-contre l’essentiel. Évidemment, Villepin agace : du monde arabe à l’Amérique latine, de l’Europe à la Méditerranée, ce ministre des Affaires étrangères féru de poésie et d’épopée napoléonienne a un discours sur tout, toujours aussi brillant, toujours aussi truffé de références littéraires et de citations. Il est sans doute le seul à être ainsi, totalement atypique. Mais à y regarder de plus près, sous l’emphase et la rhétorique se dessinent les contours d’une véritable diplomatie de principes qui privilégie le multilatéralisme sur l’unilatéralisme (américain), l’ONU sur le recours à la force (américaine) et le monde multipolaire sur la mondialisation à label unique (et américain).

Il est donc utile de savoir ce que donnent ces résolutions appliquées à la politique africaine de la France. Le texte qui suit est à cet égard éclairant. Côté pile, les critiques de cette politique trouveront de quoi alimenter leurs reproches. Obsédée par son positionnement vis-à-vis des États-Unis, la France prône la prééminence du droit interétatique sur le droit universaliste et humanitaire. Au nom du refus de l’ingérence, elle tolère des dictatures, ferme les yeux sur les exactions, soutient l’ordre établi contre les oppositions. Côté face, les partisans d’un certain afro-réalisme ne pourront que se réjouir. Imposer la démocratisation par la force, croire qu’on résout une crise en changeant un homme (Mugabe, Eyadéma, Taylor…), plaquer une morale universelle sur des cultures radicalement diverses – toutes choses que Jacques Chirac abhorre – n’est que le reflet d’une politique de puissance et l’application du droit du plus fort. Le problème, évidemment, est que si le débat, parfois l’affrontement, entre Paris et Washington né de la guerre en Irak a des prolongements en Afrique, il n’a pas les mêmes implications ici qu’ailleurs. Vue de Damas, de Brasilia ou de New Delhi, la France n’a sans doute jamais été aussi populaire. Vue d’Abidjan, de Bangui ou de Lomé, elle n’est pas autre chose que la superpuissance locale – comme les Américains en Irak.

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