Élections en RDC : s’achemine-t-on vers un nouveau report ?
À 48 heures de la fermeture des bureaux de réception de la Ceni, la plupart des partis et regroupements politiques n’avaient toujours pas déposé vendredi les dossiers de leurs candidats aux provinciales. Quelles conséquences en cas de prolongation ?
« Ça devient stressant », avoue Azarias Ruberwa. Pour ce ministre d’État et leader du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), comme pour beaucoup d’autres chefs des partis, c’est la course contre la montre. Le dimanche 8 juillet, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a prévu de clôturer, suivant le calendrier électoral, la réception des candidatures pour les provinciales. Mais beaucoup de formations politiques ne sont pas prêtes.
Azarias Ruberwa a pris part, le jeudi 5 juillet, au début des travaux de la tripartite Ceni, gouvernement et Conseil national de suivi de l’accord (CNSA). Parmi les sujets sur la table : possibilité de prolonger, ou non, la date de la fin du dépôt des candidatures pour les provinciales. « Plusieurs problèmes logistiques n’ont pas permis aux partis politiques de respecter ce délai », justifie un membre du CNSA.
La tripartite Ceni-gouvernement-CNSA n’est pas compétente pour changer le calendrier électoral, assure Corneille Nangaa
Au-delà de la caution d’un million de franc congolais (environ 555 euros) par siège pourvu, des partis se plaignent de ne pouvoir pas transmettre à temps les documents originaux – lettre de consentement et lettre d’investiture du candidat entre autres – à leurs mandataires à travers le pays. « Il faut prendre l’avion, la voiture, voire la pirogue, pour atteindre certaines contrées », confirme Molendo Sakombi, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe à Kinshasa. Cela explique sans doute le fait que, au moment où nous écrivons ces lignes, la Ceni a enregistré zéro candidat dans au moins neuf provinces sur 26 que compte la RDC.
Provinciales #RDC / aucun dépôt de candidature pour le moment dans les provinces suivantes : Haut Lomami, Ituri, Kinshasa, Kwango, Lualaba, Mongala, Sankuru, Sud Ubangi, Tanganyika... Plus d'infos à venir sur @jeune_afrique
— Olivier Liffran (@olivierliffran) July 6, 2018
Vers un énième glissement ?
Hors-micro, des politiques de tous les bords plaident en faveur d’une prolongation des délais. Des pressions sont même exercées en ce sens sur Corneille Nangaa. Mais, pour l’instant, le président de la Ceni campe sur sa ligne. « Nous clôturons [la réception des candidatures pour les provinciales] le 8 juillet à minuit, indique-t-il à Jeune Afrique. La tripartite en cours [Ceni-gouvernement-CNSA] n’est pas compétente pour changer le calendrier électoral. »
Pour la Ceni, prolonger la durée initialement prévue (deux semaines) pour le dépôt des candidatures aux provinciales aurait forcément une incidence sur les autres échéances du calendrier électoral, voire sur la date prévue pour la tenue des élections combinées du président de la République, des députés nationaux et des élus provinciaux.
« Nous, nous tenons à organiser ces scrutins le 23 décembre », martèle Corneille Nangaa. Prévu fin 2016, l’élection du successeur de Joseph Kabila dont le second et dernier mandat constitutionnel est arrivé à terme depuis près de deux ans, n’a toujours pas eu lieu. De fait, personne ne veut prendre la responsabilité d’un énième glissement du calendrier électoral.
Qui va endosser la responsabilité du glissement ?
« On se prépare pour être prêt dimanche [8 juillet] », assure André-Alain Atundu Liongo, porte-parole de la Majorité présidentielle. « En octobre 2016, l’opposition avait demandé un délai de quatre jours. Maintenant, ils se rendent compte que même deux semaines c’est court ! La loi, c’est la loi. Nous, nous ne sommes pas dans une logique de report des élections. Et s’il y a des difficultés, ce sont des difficultés normales », poursuit-il.
« Si les partis d’opposition veulent une rallonge, ils doivent s’assumer parce qu’il y aura forcément une incidence sur le calendrier électoral », complète Adam Chalwe Munkutu, secrétaire national du PPRD, le parti du président Kabila.
Du côté de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Félix Tshisekedi, on refuse, pour l’instant, de s’étendre sur le sujet. Mais dans le camp de l’opposant en exil Moïse Katumbi, on se veut rassurant. « Ensemble pour le changement travaille en fonction de l’échéance de dimanche [8 juillet] : nous ne voulons pas endosser la responsabilité d’un quelconque retard », affirme le député Christophe Lutundula.
Mais ce cadre de la plateforme électorale pro-Katumbi estime néanmoins qu’« une prolongation d’une semaine ne serait pas une première lorsqu’il s’agit des dépôts des candidatures en RDC et cela n’aurait aucune incidence sur le calendrier électoral ». Réponse d’ici le 8 juillet.
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