Pollution atmosphérique : l’air mis en cause dans la mortalité infantile
« Dis-moi ce que tu respires, je te dirai combien de temps tu vivras ». Selon une étude universitaire américaine, la pollution de l’air est responsable d’un décès infantile sur cinq, dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.
Les idées reçues ont parfois la vie dure ; parfois pas. Et ce sont malheureusement les plus pénibles qui semblent surnager. Et donc oui, hélas, comme on l’imagine, il est selon les statistiques plus difficile pour un bambin de survivre sur le continent africain qu’ailleurs.
En 2012, selon des estimations des Nations Unies, sur 1000 naissances en Afrique, 59 enfants mouraient avant l’âge d’un an, contre 6 sur 1000 enfants nés en Europe ou en Amérique du Nord. Du côté des poncifs optimistes, par contre, on aurait aimé croire que le continent à l’industrialisation embryonnaires mais à l’urbanité galopante serait encore préservé de la pollution de l’air, calamité d’ailleurs moins létale – a priori – que la malnutrition ou la pollution de l’eau. Double illusion, si l’on en croit des chercheurs de l’Université de Stanford…
Une pollution qui peut provenir aussi bien de la poussière du désert du Sahara que du carbone noir issu des combustibles fossiles
Selon une étude récemment publiée à San Diego, aux États-Unis, laquelle fait l’objet d’un article détaillé dans la revue Nature, la pollution atmosphérique serait responsable d’un décès infantile sur cinq dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, notamment au Nigeria. L’équipe de recherche a combiné des données qui concernent, sur une période de quinze ans, environ 1 million de naissances dans 30 pays de la zone concernée. Elle a ainsi rapproché les données de 65 enquêtes sur la santé des ménages et des informations satellitaires estimant la concentration des polluants atmosphériques, particules responsables, après inhalation – y compris in utero –, d’endommagement du cœur ou des poumons. En Afrique, cette pollution provient aussi bien de la poussière du désert du Sahara que du carbone noir issu des combustibles fossiles.
Manque de politiques volontaristes
Au-delà du constat statistique, l’étude de Stanford rappelle qu’il est possible de « nettoyer l’air », par des efforts de recherche mais aussi par des décisions politiques volontaristes. Le co-auteur Marshall Burke précise qu’une réduction des particules, en Afrique, à la mesure de celle obtenue dans les pays riches, aurait des avantages potentiels pour la santé infantile « plus importants que la plupart des interventions sanitaires actuellement utilisées, comme les vaccinations ou les compléments alimentaires et hydriques ».
Selon l’enquête, et même si peu de systèmes de surveillance de la pollution atmosphérique existent en Afrique, des résultats modestes en termes de lutte contre les effets des particules respirables pourraient prévenir la mort de dizaines de milliers de nourrissons en Afrique subsaharienne. Ainsi, une diminution de la pollution de l’air de 5 microgrammes par mètre cube aurait pu éviter environ 40 000 décès d’enfants en 2015.
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