Bénin : le Parlement s’oppose à nouveau à la révision de la Constitution
Les députés de l’opposition ont voté le 5 juillet contre le projet de révision de la Constitution, déjà refusé une première fois en avril 2017. Pour le gouvernement, organiser un référendum est la dernière option.
La proposition d’amendement de la Constitution du 11 décembre 1990 n’a pas fait l’unanimité au Parlement béninois. Dans la nuit du jeudi 5 juillet, cette proposition, introduite le 28 juin par huit députés de la mouvance présidentielle, n’a recueilli que 62 voix des députés, sur les 66 nécessaires pour la valider (les quatre cinquièmes). Sur les 82 députés, 19 de l’opposition ont voté contre le texte et un s’est abstenu.
Une certaine victoire pour l’opposition, qui savourait ainsi sa réussite : « Nous sommes une minorité persécutée et même vilipendée mais nous faisons notre travail avec beaucoup de joie, de foi et de sourire », a ainsi déclaré Guy Dossou Mitokpè, député de l’opposition.
Déclaré recevable
Pourtant, en fin de journée, l’adoption du projet semblait bien partie. La procédure préalable de recevabilité avait ainsi été votée par les trois-quarts des députés (62 députés avaient voté pour), comme le prévoit la loi fondamentale.
Une avancée, par rapport au 4 avril 2017, où le Parlement béninois avait refusé d’examiner le projet de révision de la Constitution, introduite par le gouvernement du président Patrice Talon. Le projet n’avait pu franchir cette étape préliminaire du fait du bloc formé par 23 députés de l’opposition.
C’est l’effritement de ce bloc, qui a depuis perdu quatre députés au profit de la mouvance présidentielle, qui a permis de passer à cette étape.
Les députés de l’opposition avaient pourtant déclaré que les amendements soumis constituaient des points positifs pour notre pays », indique un jeune leader
« Ce vote est purement politique »
« Ce vote est purement politique, je ne comprends pas pourquoi des députés de l’opposition ont voté contre alors qu’ils ont déclaré, lors des débats, que les amendements soumis constituent des points positifs pour notre pays », s’interroge avec désolation Pélagie Lamissi, un des leaders des mouvements de jeunes soutenant l’action du gouvernement.
Les quatre points soumis à l’amendement étaient ainsi jugés plutôt consensuels : la suppression de la peine de mort, la création de la Cour des comptes (qui est une exigence de l’Uemoa), l’alignement des mandats en vue du couplage des élections et l’amélioration de la représentativité des femmes aux postes de responsabilité.
« Au Bénin, une coalition pour détruire prospère mieux qu’une coalition pour réussir », se désole Maxime Akakpo, ancien président de la chambre des comptes qui, depuis des années, lutte âprement pour l’avènement d’une Cour des comptes au Bénin.
Seule issue : le référendum
Malgré ce deuxième camouflet, le gouvernement peut toujours soumettre la proposition au référendum. Après l’échec du 4 avril 2017, le gouvernement avait ouvertement envisagé cette option, pour finalement l’abandonner en décembre 2017.
Est-elle de retour à l’ordre du jour ? Le gouvernement reste silencieux sur cette question.
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