[Tribune] Boko Haram : les milices, l’autre menace
Les discours triomphalistes sur le recul de Boko Haram ne doivent pas masquer un autre problème crucial : celui de la démobilisation des milices.
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Marc-Antoine Pérouse de Montclos
Chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), spécialiste des conflits armés en Afrique
Publié le 12 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.
Le seul État du Borno, au Nigeria, compte 26 000 supplétifs de l’armée. Basés dans la ville de Maiduguri et connus sous le nom de Civilian Joint Task Force (CJTF), ils constituent aujourd’hui l’une des plus grosses milices du monde. Si leur rôle est contesté, c’est d’abord parce qu’ils n’ont fait que repousser le conflit dans les campagnes à partir de 2013.
Les combattants de Boko Haram, plutôt que de poursuivre leur politique d’assassinats ciblés, ont alors engagé une stratégie de la terreur pour dissuader les paysans de rejoindre les milices paragouvernementales.
Les villages « protégés » par la CJTF sont devenus des objectifs militaires, et la brutalité des miliciens a poussé des jeunes à trouver refuge auprès de Boko Haram.
>>> A LIRE – Casernes et villages pillés, attentats-suicides, Boko Haram redouble les attaques au Nigeria
La CJTF a en effet assumé certaines des tâches les plus répugnantes d’une armée qui cherchait elle-même à se défausser des accusations de violations des droits de l’homme. Les témoignages ne manquent pas : les miliciens ont torturé des civils, brûlé vifs des suspects, violé des femmes, organisé la prostitution dans les camps de déplacés, racketté les habitants, exercé divers chantages, volé des rations alimentaires, pris des drogues et profité de leur position pour régler des comptes personnels en dénonçant des innocents.
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