Angola : le célèbre journaliste Rafael Marques acquitté
La justice angolaise a acquitté vendredi le célèbre journaliste et défenseur des droits humains Rafael Marques, qui risquait une peine de prison ferme pour avoir accusé un ancien haut magistrat de corruption dans une affaire immobilière.
Dans un article publié en 2016 sur son site d’informations Maka Angola, Rafael Marques avait mis en cause le procureur général de l’époque, Joao Maria de Sousa dans une transaction immobilière.
Il était jugé avec un autre journaliste, Mariano Bras, qui avait reproduit l’article dans un hebdomadaire.
Le parquet avait requis une peine de prison ferme pour outrages à une autorité souveraine et insulte à l’autorité publique.
L’enquête du journaliste déclarée « valide »
La juge Josina Falcao a déclaré : « ce tribunal juge irrecevable la demande du procureur de condamner les accusés, Rafael Marques et Mariano Brás, et décide en conséquence de les renvoyer libres et en paix dans leurs familles ».
Dans son jugement, la magistrate a reconnu la validité de l’enquête publiée par Rafael Marques.
L’opération immobilière de l’ex-procureur général « était entachée de plusieurs irrégularités », a-t-elle estimé. « Rafael Marques a respecté les règles de la presse pour dénoncer ces abus de confiance », a ajouté Josina Falcao, « les deux journalistes ont exercé leur devoir d’informer ».
« La décision m’a surpris mais le plus important est de voir les corrompus en prison et de ne pas emprisonner ceux qui dénoncent la corruption », s’est réjoui devant ses collègues M. Marques après la lecture du verdict.
« Que (ce jugement) marque le début d’une ère où les journalistes pourront travailler librement en Angola », a renchéri la chercheuse de l’ONG Human Rights Watch (HRW) Zenaida Machado sur son compte Twitter.
Jugé à plusieurs reprises pour ses articles
Opposant de longue date du régime angolais, Rafael Marques, 46 ans, est un habitué des prétoires, où il a régulièrement été jugé pour ses articles.
Il a notamment été condamné en 2015 à six mois de prison avec sursis pour « dénonciation calomnieuse » de sept généraux de l’armée dans un livre accusant le régime de couvrir des violences contre les chercheurs de diamants.
En septembre 2017, le général à la retraite Joao Lourenço a été élu président de l’Angola, après trente-huit ans de pouvoir sans partage de Jose Eduardo dos Santos.
Le nouveau chef d’Etat a promis d’être l’homme du « miracle économique » et de lutter contre la corruption dans ce pays, deuxième producteur d’or noir d’Afrique subsaharienne, où plus de la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
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