Beauté championne
Photographies en noir et blanc pour dire le corps des femmes athlètes.
Publié le 30 juin 2003 Lecture : 2 minutes.
D’ordinaire, on les voit suants et tendus. Sur les pistes des stades, les corps des femmes athlètes, transfigurés par l’effort, en deviennent presque androgynes.
Dans un livre publié à la fin du mois de mai, les deux photographes Arnaud Childéric et Vincent Ohl ont rendu aux trente-quatre femmes de l’équipe de France d’athlétisme un hommage qui sied à leurs corps parfaits. Toutes vêtues d’un maillot noir, elles ont accepté de poser et d’immortaliser sur la pellicule les gestes qui font leur quotidien : en pleine préparation, en position de départ, concentrées sur le lancer de leur javelot ou en pleine course. Les corps sont figés, statiques. Celles qu’on a l’habitude de voir en mouvement sont devenues de véritables statues. Entre deux visages à l’air grave, un sourire se dessine parfois, un éclair dans les yeux, un soupçon d’hésitation, qui rappellent que ces femmes ne sont pas seulement des machines à battre des records.
C’est à la fois un hommage au sport et à la femme qu’offrent au lecteur les deux photographes. Leurs clichés en noir et blanc, très sombres, jouent avec une lumière faible qui éclaire tour à tour une épaule, un oeil, une jambe, un muscle saillant.
« Je suis concentrée, je n’entends pas le public, je ne vois que mon couloir devant moi, je suis seule », lit-on entre les pages. Elles sont seules, aussi, sur chacune de ces quatre-vingts images, ces trente-quatre sportives renommées. Parmi elles, Marie-José Pérec, évidemment, la double championne du monde de 400 mètres et qui, malgré ses faiblesses passées, a accepté de préfacer le livre. Mais aussi Muriel Hurtis, la championne d’Europe du 200 mètres en salle, Christine Arron, championne d’Europe du 100 mètres, Manuela Montebrun, la lanceuse de disque…
Lancé à l’initiative de Vincent Ohl et Jean Galfione, le champion du monde de saut à la perche, ce livre est par ailleurs destiné à une oeuvre humanitaire. Les droits d’auteur seront reversés à l’association Sports sans frontières, qui tente, par l’entremise du sport, de favoriser l’éducation et la socialisation des jeunes en situation difficile dans les pays en développement. Depuis 1999, environ 15 000 jeunes ont bénéficié de l’action de Sports sans frontières, au Maroc, au Sénégal, à Madagascar, au Kosovo et au Cameroun.
Les photos seront également exposées en grand format sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris du 20 juillet au 17 août. En attendant, elles ont déjà fait des petits, puisque la couverture de l’ouvrage a été retenue comme affiche par le comité d’organisation des Championnats du monde d’athlétisme qui se dérouleront au Stade de France, dans la région parisienne, du 23 au 31 août. En couverture du livre – peut-être pour ne pas avoir à choisir parmi les membres de l’équipe de France -, Maria Conjungo, qui possède la double nationalité, mais court sous les couleurs centrafricaines, y figure de dos, le numéro 266 accroché à son maillot et les chaussures de course à la main. Est-elle prête à partir ou déjà arrivée ? Peu importe. Elle est belle.
Femmes athlètes, Arnaud Childéric et Vincent Ohl, éditions Marval, 144 pp., 39 euros.
