Au secours du cacao

Publié le 30 juin 2003 Lecture : 1 minute.

Le 3 août entrera en vigueur la directive de Bruxelles autorisant l’incorporation dans le chocolat de 5 % (du poids total) de matières grasses végétales autres que le beurre de cacao. Et en quelques jours, les recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire baisseront de 20 % ! Le problème est donc grave, très grave pour les pays producteurs comme pour les pays européens consommateurs (pour l’instant ni le Japon ni les États-Unis n’acceptent cette intrusion de « corps étrangers » dans le chocolat). Comme le fait remarquer le sénateur Michel Pelchat, président de la « section chocolat » au sein du groupe d’étude « économie agricole et alimentaire » du Sénat français, il devient très urgent de s’intéresser au sujet. D’autant qu’il n’a guère remué les foules, mis à part les artisans chocolatiers. Il est bien évident que, dès que la pratique sera autorisée, les industriels vont en profiter pour réaliser de substantielles économies en injectant dans leurs produits des matières grasses douteuses. Faut-il accepter que l’on massacre ainsi l’une des plus gourmandes des matières premières alimentaires dont nous nous régalons depuis près de quatre siècles ? Ces 5 % semblent bien anodins, mais cela fait presque 20 % de la matière grasse entrant dans la composition du chocolat. Les cellules étant très difficiles à différencier les unes des autres lors des analyses, c’est la porte ouverte à toutes les tricheries. Enfin faut-il admettre que, sous prétexte de gagner plus d’argent, les multinationales profitent encore un peu plus des pays producteurs ? Sachant que, pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial avec 1,25 million de tonnes, le cacao représente 66 % des recettes d’exportation et que l’impact économique de cette pratique peu recommandable sera immédiat, il est temps de mobiliser haut et fort les consommateurs. Cela afin qu’ils n’achètent et ne mangent que du chocolat spécifié « pur beurre de cacao », considérant tous les autres produits comme des « faux ». Question de gourmandise, mais aussi de conscience politicoéconomique!

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