Putsch manqué au Burkina : le chef des opérations affirme avoir agi sur « instruction indirecte » de Diendéré
Considéré comme le chef des opérations du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso, l’adjudant-chef major Éloi Badiel a dit lundi au cours de son procès avoir agi sur instruction « indirecte » du général Diendéré.
Mis en cause par de nombreux soldats qui ont comparu avant lui, l’adjudant chef a estimé que « les gens se sont concertés pour tout mettre sur moi ». Il a néanmoins reconnu avoir « attribué les missions de chacune des équipes » lors des opérations.
Avec le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères du régime Compaoré, le général Gilbert Diendéré fait figure de principal accusé du procès du coup d’État manqué. Celui-ci avait fait 14 morts et 270 blessés.
« J’avais confiance en lui »
« Le 16 septembre 2015, vers 10h00, le sergent chef Koussoubé (Roger) m’a informé que le général (Diendéré) a instruit de procéder à l’arrestation des autorités de la transition », a-t-il déclaré à la barre, précisant « qu’il s’agissait d’arrêter le chef de l’État, son Premier ministre et deux autres membres du gouvernement », mais « pas d’un coup d’État ».
« Je lui ai demandé si c’était vraiment exact, et évoqué les conséquences d’un tel ordre. Nous sommes allés à deux en discuter avec l’adjudant Nion Jean Florent qui s’est proposé d’entrer en contact avec le général Diendéré pour préciser l’information », a expliqué le major Badiel.
« L’adjudant Nion s’est rendu au domicile du général, qui n’a pas donné une réponse contraire. Je n’ai pas eu de contact direct avec le général mais j’avais confiance en lui et en l’adjudant chef Nion qui a vérifié les instructions auprès de lui ».
« Pas de coup de feu »
« C’est ainsi que j’ai appelé quelques éléments, dont Rambo (adjudant Moussa Nebié), qui connaissaient les lieux et qui ont le sang froid, et c’est à partir de cet instant, vers 13h00, que tout a commencé. J’ai dirigé les opérations avec pour instruction ‘pas de coup de feu’ », a détaillé le sous-officier. Il a affirmé n’avoir « pas eu d’échanges (directs) avec le général Diendéré ni lors des opérations, ni après ».
Le 16 septembre 2015, des soldats du RSP avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, chassé en octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Durant cette journée du 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, chassé en octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
« Mon client n’a fait qu’exécuter un ordre »
« Mon client n’a fait qu’exécuter un ordre. Maintenant, il appartient à chacun d’apprécier cet ordre. C’est tout », a estimé Me Bali Baziemo, avocat commis d’office auprès du major Badiel.
Pour le parquet qui conteste la « notion d’ordre » dans ce cas précis, l’adjudant chef major Badiel « aurait dû ne pas l’exécuter car si l’ordre a pour finalité de porter atteinte à la sûreté de l’État, on doit y désobéir ».
Interrogé sur le fait de n’avoir pas avisé d’autres supérieurs hiérarchique, dont son commandant d’unité, le prévenu, qui comptait 32 ans de service au sein du RSP, a expliqué qu’il y avait un « climat de méfiance, une rupture de confiance ».
Alors qu’il est le huitième accusé (sur 84) à comparaître, l’affluence du public au procès est toujours timide. « Les choses ont trop piétiné depuis le début (du procès) avec de nombreux renvois. On pensait que les choses allaient aller vite. À présent, les gens sont lassés », a confié à l’AFP Dieudonné Dah, un étudiant en droit qui dit « faire un tour quand c’est l’interrogatoire d’un des cerveaux ».
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