Mort d’un « éradicateur »

Disparition de Brahim Fodil Cherif, ex-commandant de la 1re région militaire, qui dirigea les grandes opérations de l’armée contre les bastions des GIA et du GSPC.

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Emporté par une longue maladie à l’âge de 65 ans, le général-major à la retraite Brahim Fodil Cherif a été inhumé le 20 juin, à Larhat, son village natal, situé au piémont du Chenoua. Brahim Fodil Cherif était un proche de l’ancien chef d’état-major, le général Mohamed Lamari, dont il a été le bras droit. « Janviériste », pour avoir pris part à la décision de l’armée d’interrompre le processus électoral, en janvier 1992, alors que se dessinait la victoire du Front islamique du salut, le défunt a longtemps dirigé le « Colas », la structure de coordination de la lutte antisubversive de l’armée, avant de prendre, en 1998, le commandement de la 1re région militaire (centre du pays), la plus exposée aux attaques terroristes. Brahim Fodil Cherif préférait la tenue de combat à l’uniforme d’apparat, privilégiait le théâtre des opérations aux salons feutrés de l’état-major. Silhouette alerte et verbe incisif, il avait un style qui le singularisait de ses pairs généraux. Il fut le premier à comprendre l’importance de la communication dans la guerre contre le salafisme. Il innova en conviant les médias nationaux à couvrir le champ de bataille, contribuant ainsi à effacer l’image du méchant soldat, harcelé par le maquisard et se vengeant sur la population. Son principal trophée ? La tête du chef des Groupes islamiques armés (GIA), Antar Zouabri, éliminé en février 2003, à Boufarik, au cours d’une opération qu’il avait dirigée.
Convaincu que les islamistes constituaient une menace permanente contre la République, le défunt était opposé à la politique de réconciliation nationale prônée par Abdelaziz Bouteflika. Mais sa fonction et son grade ne lui permettent pas d’afficher son hostilité à la réélection de celui-ci, en avril 2004, même s’il fit discrètement campagne pour Ali Benflis (une des rares personnalités politiques à avoir assisté à ses obsèques). Assumant son choix, il fit valoir ses droits à la retraite au lendemain de la victoire de Bouteflika. Humble, non catégorisé parmi les généraux prédateurs, il était retourné vivre dans son village berbère du mont Chenoua, où il repose désormais.

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