Financement du développement : À Marrakech, les leaders africains appellent à lever tous les tabous
Réunis à Marrakech pour la 9e édition du Forum africain pour le développement, les leaders africains, parmi lesquels figuraient le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue, le Sénégalais Macky Sall, ont appelé à la mobilisation de nouveaux mécanismes de financement en Afrique. Quitte à faire sauter certains tabous.
La Commission économique pour l’Afrique (CEA) vient de décréter la mobilisation financière générale. L’organisme onusien a profité du neuvième forum pour le développement de l’Afrique, organisé à Marrakech du 12 au 16 octobre, pour faire le point sur les différentes sources de financement disponibles afin d’accélérer la transformation économique de l’Afrique, tout en sortant de la logique de l’aide au développement.
L’Afrique mise à l’indice
La CEA a officiellement présenté à Marrakech son tout nouvel Indice africain de développement social (IADS), mis en place « sur la demande des pays africains eux-mêmes, afin de mieux coller aux réalités du continent », a expliqué Iris Macculi, chargée des Affaires économiques au sein de la division des Politiques de développement social de la Commission.
L’IADS mesure plus spécifiquement le degré d’exclusion, dans les cinq secteurs clefs que sont la santé, l’éducation, l’emploi, les revenus et le mode de vie, en tenant compte du genre – hommes et femmes – et des lieux géographiques – villes et campagnes -.
Pour ouvrir cette nouvelle édition d’un événement organisé tous les deux ans et qui pour la première fois s’est déroulé en dehors d’Addis-Abeba, le siège de la CEA, Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire et son homologue sénégalais Macky Sall ont fait le déplacement au Maroc, ainsi que José Maria Neves, le Premier ministre du Cap-Vert, pays régulièrement cité dans les grandes réunions internationales comme étant l’un des exemples à suivre pour le continent.
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Accueillant ces invités de marque au nom de Mohamed VI, le Premier ministre Abdelilah Benkirane s’est félicité de voir l’Afrique émerger en tant que nouveau pôle de croissance dans le monde, pour mieux insister sur la nécessité de confirmer cette tendance en assurant la refonte des économies africaines vers des activités à haute valeur ajoutée.
« Il faut pour cela pouvoir mobiliser les ressources, mais comment y arriver sans avoir à faire l’aumône », a insisté le chef du gouvernement marocain, qui a demandé à ce que toutes les parties fassent preuve « d’innovation et de création, pour promouvoir un développement intra-africain ».
Financements innovants
Parmi les mécanismes de financement identifiés par les experts de la CEA : la mobilisation des ressources nationales, à commencer par les transferts d’argent des diasporas plus importants depuis 2012 que les investissements directs étrangers (IDE) ; la lutte contre les flux financiers illicites, estimés « entre 50 et 150 milliards de dollars chaque année » par le président Macky Sall ; le capital-investissement, qui « doit profiter des opportunités offertes aujourd’hui par l’Afrique pour devenir le principal levier de développement du continent », selon Carlos Lopes, le secrétaire exécutif de la CEA ; ou encore la promotion de nouveaux partenariats dans la foulée des PPP (partenariats publics-privés) si chers à Alassane Ouattara.
>>> Lire aussi – Rapport : jusqu’à 1400 milliards de dollars sortis d’Afrique en trente ans
Tabous
Le président ivoirien en a également profité pour lever un tabou en rappelant que les grandes banques africaines étaient aujourd’hui en position de surliquidité, « ce qui montre qu’elles ne participent pas assez activement au développement du continent ».
Selon un rapport de la CEA, plus de 200 milliards de dollars dormiraient dans les coffres des banques centrales africaines.
Elles ne sont pas les seules, puisque selon un rapport de la CEA, plus de 200 milliards de dollars dormiraient dans les coffres des différentes banques centrales du continent.
Autant de fonds qui pourraient être utilisés pour encourager l’investissement dans les infrastructures, la santé et l’éducation, « moteurs incontournables de la croissance économique et social de l’Afrique », pour José Maria Neves, qui a également rappelé l’importance de mettre en place des politiques fiscales efficaces.
Reste maintenant à espérer que ces discussions et recommandations sortiront des cénacles autorisés pour trouver leur application sur le terrain. Et que « les promesses offertes aujourd’hui par l’Afrique » pour reprendre la formule d’Alassane Ouattara, ne resteront pas sans lendemain pour ses populations.
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