Cameroun : au moins deux policiers tués au cours d’affrontements à Buea

Après l’assassinat dimanche d’un commissaire de police à Kumba, des séparatistes ont ouvert le feu lundi sur les forces de sécurité à Buea, dans la capitale du Sud-Ouest du Cameroun, causant la mort d’au moins deux policiers. La situation reste tendue dans cette zone anglophone.

Marché de Buea © Bmnda, CC, wikimedia Commons

Marché de Buea © Bmnda, CC, wikimedia Commons

Publié le 10 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.

Pour la première fois depuis le début de la crise anglophone, en 2016, des affrontements ont eu lieu lundi 9 juillet dans la ville de Buea, capitale du sud-ouest du Cameroun, où plusieurs hommes armés ont ouvert le feu sur les forces de sécurité et de défense qui ont riposté, au cours de heurts qui ont duré plusieurs heures, contraignant la majeure partie des habitants à rester cloîtrés chez eux.

« Deux policiers ont été tués hier (lundi) dans la zone sud de la ville par des terroristes », a déclaré le responsable de Buea en affirmant qu’un autre policier « a été enlevé, on est sans nouvelle de lui ».  De son côté, une source hospitalière évoque cinq policiers et un civil tué, ainsi que de trois civils blessés. La situation restait tendue mardi à Buea où des tirs ont de nouveau été entendus dans la matinée.

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La veille de cet accrochage, un commissaire de police avait été « froidement abattu » près de chez lui à Kumba, localité située entre Buea et Mamfe, avait auparavant annoncé à l’AFP une source sécuritaire de la région du Sud-Ouest.

« Capitale de l’Ambazonie »

Depuis le début de la crise anglophone, qui s’est intensifiée en 2017, les séparatistes, éparpillés en divers groupes, s’attaquent aux forces de l’ordre et de sécurité, mais aussi aux symboles de l’administration comme les écoles, qu’ils incendient. Ils procèdent également à des enlèvements de policiers, de fonctionnaires et d’hommes d’affaires, parfois étrangers.

En s’attaquant à Buea, les séparatistes tentent de s’emparer de cette ancienne capitale d’un État anglophone qui avait vu le jour sous mandat britannique, entre 1922 et 1961. Elle a été désignée par les séparatistes armés comme la future capitale de leur État anglophone revendiqué, l’ »Ambazonie ».

Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les combats sont devenus quasi quotidiens entre militaires, policiers et ces hommes armés.

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Lourd bilan

D’abord centralisés début 2018 dans le Nord-Ouest, les combats se sont peu à peu déplacés vers le Sud-Ouest. La zone rurale entre Kumba, Mamfe et la frontière nigériane est devenue l’épicentre de violences auxquelles Yaoundé répond par la force.

Si officiellement, plus de 80 membres des forces de sécurité ont été tués dans les combats depuis le début de la crise, d’autres observateurs font état d’un bilan bien plus lourd. Aucun bilan du côté séparatiste n’est disponible. Plus de 600 personnes ont été arrêtées, selon des sources onusiennes, et un important dispositif sécuritaire a été déployé dans les deux régions anglophones sur les dix que compte le pays. Les forces de l’ordre ont été accusées d’y commettre de nombreuses exactions.

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Quelque 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences, selon l’ONU, et 34 000 se sont réfugiées au Nigeria, selon l’Agence nigériane de gestion des urgences (Sema).En mai, les autorités ont annoncé un plan d’aide humanitaire d’urgence, financé par Yaoundé, l’aide internationale et un appel aux dons de particuliers, rejeté par les séparatistes.

Approche de la présidentielle

Ce conflit armé risque fortement de perturber le scrutin présidentiel prévu le 7 octobre, car il est fort probable que les séparatistes tenteront de l’empêcher en zone anglophone.

Le président Paul Biya, 85 ans dont bientôt trente-six au pouvoir, n’a pas annoncé s’il serait candidat à un septième mandat, mais il est présenté par son parti comme son candidat « naturel ». Pour ses opposants, il est au contraire responsable du « chaos » dans les régions anglophones.

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