À la recherche de l’hymen perdu

Craignant d’être maltraitées ou répudiées, une minorité de jeunes musulmanes françaises ont recours à l’hyménoplastie pour retrouver leur virginité. Sans danger, mais coûteux !

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

L’annulation d’un mariage par le tribunal de Lille, le 1er avril, parce que l’épouse avait menti sur sa virginité (voir J.A. n° 2474) a fait les choux gras des médias français pendant plusieurs semaines. Résolus à battre le fer tant qu’il est chaud, ces mêmes médias multiplient à présent les enquêtes sur les femmes qui se font refaire l’hymen.
Des gynécologues parlent de ces jeunes filles terrorisées qui, à la veille de convoler, craignent d’être répudiées ou frappées du sceau de l’infamie lorsque l’on découvrira qu’elles ont déjà eu des rapports sexuels. Si l’opération met à mal leur pudeur, elle ne présente guère de difficulté pour le chirurgien. « Une des techniques consiste à utiliser les séquelles hyménales en les incisant dans leur partie médiane et en les réunissant », lit-on sur le site chirurgie-intime.info. Une anesthésie locale, une petite demi-heure sur la table d’opération, quelques sutures, et le tour est joué.
Dans les hôpitaux publics, toutefois, les praticiens rechignent à réaliser ce genre de geste chirurgical inconnu des facultés aussi bien que de la Sécurité sociale. Surtout, les reconstructions d’hymen, estiment-ils en bloc, contribuent à la soumission de la femme. Ceux qui, sensibles à la détresse des patientes, acceptent de faire des hyménoplasties les enregistrent avec d’autres types d’actes à caractère strictement médical.
Ici aussi, Internet vient à la rescousse des jeunes filles qui, de blog en forum, trouvent les adresses des cliniques spécialisées. Dans ces établissements, les praticiens ont moins d’états d’âme et remodèlent un sexe comme ils remodèleraient un nez ou des seins. D’autant que l’intervention est financièrement intéressante : si une hyménoplastie coûte moins de 200 euros dans le secteur public, elle est facturée jusqu’à 3 500 euros dans le privé.

Tradition archaïque
Un coût exorbitant pour un petit morceau de peau au sort bien capricieux. Il semble, pour commencer, que 20 % des femmes n’ont pas d’hymen. Quand bien même la membrane existe, elle peut facilement être percée lors d’activités physiques telles que la gymnastique et l’équitation, voire sur un vélo. Enfin, il arrive souvent qu’aucun sang ne s’écoule lors de la première pénétration.
Chez les musulmans, comme chez les chrétiens et les juifs, les rapports sexuels hors mariage sont traditionnellement proscrits. En pratique, toutefois, on se montre accommodant. Si la jeune fille qui a « fauté » se repent devant Dieu, elle pourra se marier normalement. Et, selon les sociologues, la cérémonie du drap taché de sang est en net recul, surtout dans les zones urbaines. Si cette tradition archaïque a été importée en Europe, elle n’est pratiquée que par une petite minorité d’immigrés nord-africains convaincus de rester ainsi fidèles à leur culture d’origine.
Il faut se méfier des effets d’annonce. Depuis que les médias se sont saisis du sujet, on serait tenté d’imaginer des files de jeunes filles devant les cliniques françaises. Or, selon les témoignages des professionnels, le nombre de demandes de reconstitution reste stable. On découvre aujourd’hui un phénomène vieux d’une vingtaine d’années et qui reste très marginal. Qui plus est, il ne concerne pas que les musulmanes. Une clinique du quartier des Champs-Élysées affirme accueillir 30 % de femmes d’autres religions : juives, hindoues, catholiques Sans oublier les évangéliques, dont certaines Églises incitent leurs adeptes, dans le cadre de leur « renaissance », à retrouver leur virginité perdueÂ

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