La mer à boire

Confronté à de récurrentes pénuries, le pays a misé sur le dessalement de l’eau de la Méditerranée. Avec 12 milliards de dollars d’investissements, le pari est en passe d’être gagné.

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

« Dans les constantes nationales, il y a l’arabité, l’islamité, la guerre pour l’indépendance et la pénurie d’eau. » C’est ainsi que les Algériens aiment à plaisanter sur cette carence qui empoisonne leur quotidien depuis des décennies. Pour en finir avec ce qui ressemblait presque à une malédiction, les autorités ont lancé un gigantesque programme pour la construction de 14 stations de dessalement d’eau de mer, qui, d’ici à 2011, devraient déjà fournir 2,3 millions de m3 d’eau potable par jour et couvrir les besoins de toutes les agglomérations. À terme, en 2020, le pays comptera 43 unités, qui alimenteront l’ensemble du territoire. Première à être mise en service et considérée comme la plus grande du genre dans le pays, la station d’El-Hamma est établie près du port d’Alger, à quelques encablures de l’Aéroport international Houari-Boumedienne. Construite pour un coût de 159,3 millions d’euros par GE Water & Process Technologies, une filiale de l’américain General Electric, l’unité a été inaugurée en grande pompe en février 2008. Elle peut purifier jusqu’à 200 000 m3 d’eau par jour et, une fois les infrastructures de distribution achevées, elle approvisionnera 24 heures sur 24 les 2 millions d’habitants de la capitale. Alger et sa banlieue seront donc alimentés tous les jours et sans interruption. Un vrai miracle pour certains quartiers où l’eau ne coule encore des robinets qu’un jour sur trois.

Des réalisations en cascade
Les autres villes et les villages connaîtront-ils la même fortune ? Il semble cette fois qu’on puisse le croire. D’autres stations sont en cours de construction ou sur le point d’être achevées. En avril dernier, le groupe singapourien Hyflux a décroché un contrat pour la construction d’une usine de dessalement à Magtaa, dans la région d’Oran, pour un montant de 303,4 millions d’euros. Détenue à 51 % par Hyflux et à 49 % par l’Algerian Energy Compagny (AEC) – créée en 2001 par le groupe pétrolier public Sonatrach et la société nationale d’électricité et de gaz Sonelgaz -, cette station, d’une capacité de 500 000 m3 par jour, sera opérationnelle en 2011. Un projet que les Algériens, non sans fierté, aiment à présenter comme le plus important au monde en termes de volume. Au cours du même mois d’avril, un consortium composé du britannique Biwater, de l’américain Toray et de l’algérien Arcofina a remporté un autre marché portant sur la réalisation d’une station d’une capacité de 100 000 m3/jour à Oued Sebt, dans la wilaya de Tipasa, sur le littoral à l’ouest d’Alger. Toujours début avril 2008, le groupe espagnol Befesa Agua a, quant à lui, signé un contrat de 188,7 millions d’euros pour la réalisation d’une unité d’une capacité de 200 000 m3/jour dans la région de Ténès (wilaya de Chlef), qui doit être mise service en 2010.
Outre la station de Magtaa, AEC a déjà lancé plusieurs projets en partenariat avec des spécialistes américain (Black and Veatch), omanais (Sogex) et japonais (Itoshu). À commencer par une méga-unité de dessalement dans la zone industrielle d’Arzew, près d’Oran, déjà opérationnelle, qui permet de satisfaire les besoins en eau des différents complexes de la zone industrielle et, même, de produire de l’électricité grâce à une centrale combinée d’une capacité de 318 MW.

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