Tunisie : les politiques publiques face au défi de l’OpenGov

Permettre au citoyen de s’emparer du contrôle des politiques publiques dans un souci de bonne gouvernance, c’est l’un des enjeux de l’OpenGov (gouvernement ouvert) dont la Tunisie se veut un fer de lance régional.

La demande de transparence suite à la révolution rencontre de nombreuses résistances en Tunisie. © Riadh Dridi/AP/SIPA

La demande de transparence suite à la révolution rencontre de nombreuses résistances en Tunisie. © Riadh Dridi/AP/SIPA

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Publié le 13 juillet 2018 Lecture : 7 minutes.

Les Tunisiens ne le savent que trop bien : la démocratie n’est pas qu’affaire de concept. Depuis la révolution, leurs dirigeants sont désormais redevables de la confiance qui leur a été accordée de même qu’ils sont comptables de leurs actes, au-delà des beaux discours et des promesses. Mais comment s’assurer que cette nouvelle donne a bien pénétré tous les rouages de l’État ?

C’est l’une des questions à laquelle l’OpenGov (« Open government » ou  « gouvernement ouvert ») tente de répondre. Les maîtres mots de cette politique sont la transparence et la responsabilisation. En défendant le droit des citoyens à l’accès en ligne aux données des institutions publiques, elle vise à favoriser la bonne gouvernance et permet ainsi aux citoyens de se saisir des informations partagées pour contrôler les actions de leurs dirigeants.

Une plateforme à l’Assemblée

Toutes les échelons de la responsabilité politique sont concernés, jusqu’à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui a lancé le 4 juillet une plateforme dédiée à la société civile. Celle-ci s’inspire en grande partie du concept d’ouverture des données. « Toutes les associations ne peuvent pas se déplacer à la capitale, nous voulons leur permettre de  suivre en ligne les séances plénières et les réunions des commissions », explique Badreddine Abdelkafi, député d’Ennahda et président adjoint de l’ARP chargé des relations avec les citoyens et la société civile.

Le site ambitionne de casser les codes en créant une véritable interaction avec l’hémicycle. Au-delà des échanges écrits, des propositions de loi émanant de simples citoyens pourront être soumises au bureau d’ordre, à condition que dix députés les « parrainent ».

Parfois ce genre d’outils fait office de cache misère, les véritables négociations peuvent se dérouler dans les couloirs, regrette le directeur exécutif d’Al Bawsala

Badreddine Abdelkafi rêve déjà d’en faire « un modèle pour les parlements du monde arabe ». Mais la plateforme repose pour l’instant sur « la volonté » et « le courage » des élus, sans autres moyens humains ou financiers dédiés pour la faire vivre. Et les députés sont attendus au tournant.

« Ce qu’il faut évaluer c’est la pratique. Parfois ce genre d’outils fait office de cache misère, les véritables négociations peuvent se dérouler dans les couloirs, derrière des rideaux, à la faveur de connections déjà existantes », met en garde Selim Kharrat, directeur exécutif d’Al Bawsala, la Boussole en français, organisation qui scrute les activités des députés depuis 2012. Présence, propositions, votes… sont passés au scanner par ses équipes qui partagent publiquement ces précieuses informations.

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