Ehoud Olmert

Premier ministre d’Israël

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Israël est peut-être « le miracle du XXe siècle », dixit Nicolas Sarkozy, mais son Premier ministre est certainement un miraculé permanent. Impliqué dans une énième affaire de corruption, on ne le voyait pas s’en tirer après le déballage du témoin clé, Morris Talansky. Ce businessman juif new-yorkais avait déclaré devant un tribunal de Jérusalem qu’il avait remis à Ehoud Olmert des enveloppes bourrées de cash. Les versements se sont étalés sur une douzaine d’années. Au total, 150 000 dollars. Plus 100 000 collectés auprès de ses coreligionnaires américains. Destination du pactole ? Couvrir les dépenses électorales de celui qui fut maire de Jérusalem, puis ministre. Mais aussi les « frais personnels ». Talansky n’ignorait pas le goût d’Olmert pour la bonne chère, les havanes, les montres et les stylos de marque. Il finançait ses voyages en première classe et ses séjours dans les palaces. En 2004, il lui avait accordé un prêt (jamais remboursé) de 30 000 dollars pour ses vacances familiales en ItalieÂ
L’effet du témoignage délivré le 27 mai huit heures durant et largement médiatisé a été désastreux pour Olmert. Selon les sondages, huit Israéliens sur dix souhaitent sa démission. Les successeurs se bousculent au portillon, comme Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, qui aspire à diriger le parti centriste Kadima, et le travailliste Ehoud Barak, ministre de la Défense. Le Premier ministre, persuadé que le scandale se dégonflera lorsque l’enquête sera achevée, décide de ne démissionner que s’il est inculpé. En fait, il est en sursis.

Son sort doit être scellé le 25 juin. Ce jour-là, la Knesset est appelée à se prononcer sur une motion de dissolution présentée par le Likoud et qui bénéficie du vote des députés travaillistes. La coalition au pouvoir qui réunit Kadima et les travaillistes est condamnée. C’était le coup de grâce pour Olmert. In extremis, les amis de Barak renoncent. Que s’est-il passé ? Le 22 juin, le Premier ministre a joué son va-tout, retournant la situation en sa faveur. À l’issue de la réunion du gouvernement, il a remis à chacun des cinq ministres travaillistes une lettre manuscrite les prévenant que s’ils votaient la dissolution ils seraient virés. La menace porte ses fruits. C’est que personne ne veut d’élections anticipées (échéance normale fin 2010) qui porteraient au pouvoir Benyamin Netanyahou, donné favori par tous les sondages. Les travaillistes ne mêlent plus leurs voix à celles de la droite, et la dissolution fait long feu.
En contrepartie, comme le réclame Barak, Olmert annonce que des primaires seront organisées au sein de Kadima avant le 25 septembre pour désigner un nouveau leader. La concession est moins contraignante qu’il n’y paraît. Rien ne lui interdit d’être candidat à sa propre succession. En outre, il estime que le temps travaille pour lui. Le 17 juillet, le tribunal va procéder aux contre-interrogatoires de Talansky et l’affaire apparaîtra sous un jour différent.

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Mais c’est surtout sur le règlement du conflit israélo-arabe que table Olmert pour sauver sa carrière politique. Il a investi sur tous les fronts et espère en retirer à temps les dividendes susceptibles de restaurer sa popularité. Avec Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne, les négociations se sont accélérées. Dans une longue interview donnée à Asharq al-Awsat, le quotidien arabe de Londres, il assure que l’objectif est de parvenir à un « accord de paix détaillé » (et non une simple déclaration de principes) et que des progrès ont été accomplis sur les réfugiés, les frontières et les garanties de sécurité – la question de Jérusalem étant laissée pour la fin. Après la trêve conclue avec le Hamas, il espère bien obtenir la libération de Gilad Shalit contre des prisonniers palestiniens. Démarche analogue auprès du Hezbollah au sujet des deux soldats israéliens qui sont entre ses mains. Bien entendu, le plat de résistance reste la Syrie. Les négociations seraient en bonne voie, mais si Olmert arrache un accord il ne sera pas pour autant en meilleure position. Car on ne sait plus au juste ce qu’on lui reproche en Israël : les libertés qu’il a prises avec la moralité publique ou ses nouveaux efforts pour résoudre le conflit avec les Arabes. En tout cas, avec l’engagement spectaculaire de Nicolas Sarkozy, il a reçu un appui de taille. Et si la paix était, pour le coup, le miracle du XXIe siècle ?

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