Constat de faillite

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Les organisations internationales et les ONG ont une manie, à la limite du tic et du toc (trouble obsessionnel compulsif) : celle du classement. Chaque année, des dizaines de palmarès, de rapports et de tableaux viennent avec une régularité de métronome mesurer la gouvernance, les droits de l’homme, le taux de natalité, l’ampleur de la corruption ou la production de yaourts, avant de distribuer médailles d’honneur et bonnets d’âne aux 192 pays de la planète. C’est médiatique, aléatoire, contestable, parfois injuste quand on sait que nombre d’investisseurs se basent sur ce type de liste pour orienter leurs choix, mais parfois cruellement révélateur. Exemple : le quatrième index Foreign Policy-Fund for Peace sur les « États faillis » dont les chefs réunis au sommet de Charm el-Cheikh auraient bien fait de prendre connaissance. Cet index est intéressant en ce sens qu’il prend en compte une douzaine d’indicateurs nouveaux dont les récentes émeutes de la vie chère, l’évolution démographique, la fuite des cerveaux et le degré de contrôle administratif et économique du territoire pour mesurer la capacité des États à affronter les crises. Plus un État a de mal à contrôler physiquement son propre territoire, à fournir des services publics raisonnables (santé, éducation, eau, électricité) à sa population ou à percevoir l’impôt volontaire, plus il est réputé « failli ».
À ce jeu, l’Afrique – particulièrement subsaharienne – s’en tire mal, très mal. La moitié des soixante pays à propos desquels le diagnostic va du problématique au comateux en passant par le critique appartiennent au continent. La Somalie, État néant, arrive en tête, suivie du Soudan, du Zimbabwe, du Tchad, de l’Irak, de la RD Congo, de l’Afghanistan, de la Côte d’Ivoire, du Pakistan, de la Centrafrique et de la Guinée. Un peu plus loin dans la zone rouge, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Nigeria, le Niger, le Burundi, le Congo et le Kenya inquiètent. Le Cameroun est 33e, le Burkina 36e. Rares lueurs positives : les progrès enregistrés par le Liberia et – même si elle demeure sous perfusion onusienne – par la Côte d’Ivoire, un peu moins mal classée que l’an dernier. Preuve qu’à l’image de l’Inde des années 1970 ou de l’Afrique du Sud des années 1980, deux pays à qui les experts prédisaient le pire des avenirs, il est possible de s’en sortir pour peu que les gouvernants fassent passer les intérêts de la nation avant les leurs, ceux de leur famille et de leur clan. Est-ce trop demander ?

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