Barack Obama, héritier de l’Afrique ou vilain Américain ?

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Partout dans le monde aujourd’hui, les individus d’origine africaine vivent au rythme de la « obamania ». Savent-ils pourtant que Barack Obama est un fervent défenseur du droit à l’avortement ? J’en doute. Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que les Africains ont toujours des opinions très conservatrices sur toutes les questions de société, notamment sur celles de l’avortement et des droits des homosexuels. Quand ils réaliseront que le candidat démocrate à la Maison Blanche n’a pas le même point de vue qu’eux, l’enthousiasme qu’il suscite pourrait rapidement s’essouffler.
Barack Obama sait que les Africains ne sont pas les seuls à être réactionnaires, et que les Africains-Américains le sont tout autant. Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle il a accepté, lors d’un meeting en Caroline du Sud l’an dernier, d’être accompagné du chanteur de gospel Donnie McClurkin, un ex-gay assumé, qui clame désormais que « Dieu l’a délivré » de l’homosexualité. Ou qu’il s’oppose au mariage homo, même s’il est favorable à l’union civile.
Tout cela ne suffira pourtant pas à apporter satisfaction à la frange la plus conservatrice des Africains-Américains, au sein de laquelle le sentiment homophobe reste profondément ancré, comme le reconnaît lui-même Obama. Quant aux Africains, ils tempéreront la bienveillance qu’ils lui manifestent lorsqu’ils auront pris conscience de ses positions concernant les droits de la communauté homosexuelle.

Dans la plupart des pays africains, en effet, l’homosexualité est interdite par la loi. Au Kenya – pays natal du père de Barack Obama -, par exemple, elle est passible de cinq à quatorze ans d’emprisonnement. Au Zimbabwe, où le président Robert Mugabe accuse les « criminels homosexuels » occidentaux de conspirer contre son régime et considère l’homosexualité comme une « maladie importée par les Blancs », elle est punie par plus de dix années de réclusion. La situation est la même au Ghana, qui a interdit l’organisation d’une rencontre de gays et de lesbiennes en 2006. Une décision qu’un porte-parole du gouvernement avait justifiée en expliquant que « l’homosexualité offense la culture, la morale et l’héritage tout entier du peuple ghanéen ».
Peu importe que l’homosexualité ait depuis longtemps fait son apparition en Afrique, ou qu’un mouvement pour les droits des gays existe au Ghana. Pour les Ghanéens, l’amour entre deux personnes du même sexe reste une dépravation importée d’Occident, notamment d’Amérique.

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