Areva s’ensable au Sahara
Au-delà de la prise d’otages de quatre de ses salariés, le groupe nucléaire français voit ses intérêts menacés.
Pour le groupe nucléaire Areva, le bref enlèvement de quatre de ses cadres par le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), entre le 22 et le 25 juin, a au moins eu le mérite de démentir les accusations portées par Niamey à son endroit l’an dernier. Le 25 juillet 2007 en effet, le gouvernement nigérien expulsait Dominique Pin, le directeur local de l’entreprise, lui reprochant de soutenir financièrement la rébellion touarègue, qui avait éclaté cinq mois plus tôt.
Pour le reste en revanche, cette séquestration ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui estiment que, pour la France, l’eldorado uranifère nigérien a beaucoup perdu de son intérêt. D’abord parce qu’Areva, pris en tenailles entre les autorités de Niamey, qui l’ont obligé à réévaluer de 50 % le prix d’achat de leur minerai en janvier dernier, et le MNJ, dont les opérations le contraignent à entretenir un important dispositif de sécurité, a dû largement revoir à la hausse ses coûts d’exploitation dans le pays. Ensuite parce que le groupe, naguère tout-puissant dans cette région du Sahara, doit désormais composer avec la concurrence d’une trentaine de sociétés canadiennes, australiennes, sud-africaines, indiennes, britanniques, mais aussi et surtout chinoises, ce qui réduit sa marge de manÂuvre. Après avoir attribué en 2006 un premier permis d’exploitation à la China Nuclear Engineering & Construction Corporation (Cnec) pour le site de Teguidan Tessoumt, le gouvernement a accordé, en novembre dernier, un nouveau permis de prospection aux Chinois de la Somina dans la région d’Agadez.
Même s’il continue d’affirmer que « les événements récents ne sont pas de nature à remettre en cause la collaboration entre deux partenaires de longue date », Areva semble toutefois en faire implicitement le constat. Le 20 juin, le groupe français a annoncé qu’il allait investir 750 millions de dollars en Namibie.
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