Ambassade de Chine au Burkina : Pékin resserre sa coopération avec Ouagadougou
En visite à Ouagadougou, le vice-Premier ministre chinois, Hu Chunhua, a inauguré jeudi l’ambassade de son pays en présence de chef de l’exécutif burkinabè, Paul Kaba Thiéba. Une ouverture symbolique qui officialise les relations entre les deux pays, plus d’un mois après la décision du pouvoir du président Kaboré de rompre ses liens avec Taïwan.
C’est une visite de 24 heures, et au pas de course, qu’a entamée le vice-Premier ministre chinois Hu Chunhua, ce jeudi 12 juillet, accueilli la veille au soir par le chef de l’exécutif burkinabè, Paul Kaba Thieba, à l’aéroport international de Ouagadougou.
Honneurs militaires, tête-à-tete avec les autorités, visite du musée national, une foule de sympathisants postés devant l’entrée du très chic hôtel Laico 2000 saluant l’amitié chino-burkinabè, hymnes chantés, déjeuner offert par le Premier ministre burkinabè… Ouagadougou a mis les petits plats dans les grands pour inaugurer l’ambassade de la République populaire de Chine.
« Être un partenaire fiable du Burkina »
« L’événement solennel de ce jour constitue un signal fort de l’importance que les plus hautes autorités, leurs excellences Roch Marc Christian Kaboré et Xi Jinping, accordent à la relation d’amitié et de coopération entre la Chine et la Burkina Faso », a indiqué Paul Kaba Thiéba.
Le 26 mai dernier, Ouagadougou avait rétabli ses relations avec la République populaire de Chine, au détriment de Taïwan avec lequel le Burkina entretenait une coopération privilégiée depuis 1994.
Au cours de sa visite, Hu Chunhua s’est entretenu avec son homologue burkinabè et le chef de l’État Roch Marc Christian Kaboré. D’après nos informations, il aurait sollicité l’appui du président Kaboré pour l’obtention d’un site pour la construction du futur siège de l’ambassade chinoise.
« Xi Jinping m’a envoyé avec une importante délégation [une cinquantaine de membres, ndlr] pour cette visite historique car la Chine souhaite être un partenaire fiable du Burkina dans son chemin vers le développement et pour renforcer la confiance politique mutuelle », a déclaré Hu Chunhua, évoquant une journée historique dans les relations chino-burkinabè.
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Accords sectoriels
La délégation chinoise a profité de l’occasion pour prospecter des projets structurants (comme les routes, l’accès à l’eau ou la santé) pour le Burkina qu’elle pourrait financer. « Pékin penche à financer la construction de centrales solaires ou thermiques pour aider le Burkina à résorber son déficit énergétique [estimé cette année à 270 megawatts, ndlr] », explique à Jeune Afrique Karim Démé, directeur du point focal de la République populaire de Chine, qui vise à facilité l’obtention des visas.
Continuité des projets financés à hauteur de 14 milliards de FCFA par an par Taïwan
Hu Chunhua et Paul Kaba Thiéba ont signé des accords sectoriels destinés à assurer la continuité des projets financés à hauteur de 14 milliards de FCFA par an (21 millions d’euros) par Taïwan. Ceux-ci concernent notamment la formation professionnelle en cours à Ziniaré, près de la capitale, les aménagements hydroagricoles pour la culture du riz pluvial et la réalisation d’infrastructures sportives.
L’accord prévoit d’insérer une cinquantaine d’étudiants et stagiaires burkinabè, frappés par la rupture des relations avec Taïwan, dans des universités chinoises. « À ce jour, un contingent d’étudiants est déjà arrivé à Pékin et d’autres s’apprêtent à la rejoindre d’ici à la fin août », a annoncé Paul Kaba Thiéba.
Pékin s’est également engagé à réhabiliter l’hôpital de Koudougou , troisième ville du pays située à 100 km au centre-ouest de Ouagadougou. Les détails de cette opération n’ont toutefois pas été communiqués.
80 milliards de FCFA pour un nouveau centre hospitalier
Dans le sillage de cette visite, des experts chinois séjournent également au Burkina pour peaufiner des études sur la construction d’un nouveau centre hospitalier de référence à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du pays. Coût du projet : quelque 80 milliards de FCFA (122 millions d’euros).
Le rétablissement des relations avec le Burkina constitue une opportunité pour les entreprises chinoises de marquer un nouveau territoire et de défendre l’expertise chinoise. Déjà présent au Burkina, l’équipementier Huawei a exécuté depuis près de deux ans la construction d’un réseau de fibre optique d’une longueur de 307 kilomètres reliant la capitale Ouagadougou et la ville de Pô, près de la frontière ghanéenne.
Cette infrastructure, qui disposera d’une capacité de 1 600 gigabits par seconde et reliera dix communes, fait partie d’un vaste programme de couverture en fibre optique du Burkina Faso, d’un coût de 175 millions d’euros et d’une longueur de 5 740 km. Huawei a signé en juillet 2014 une convention avec le Burkina Faso pour la réalisation de ce « backbone national ».
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